Un mécanisme de contrôle des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental est une “nécessité pressante” en cette période, a affirmé vendredi à Alger le coordinateur sahraoui avec la Minurso, M. M'hamed Kheddad. S'exprimant lors d'une conférence de presse à l'occasion de la rencontre tripartite (Algérie, Nigeria et Afrique du Sud) de solidarité avec le peuple sahraoui, M. Kheddad a souligné que la situation des droits de l'homme au Sahara occidental a connu une dégradation depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité de l'Onu sur ce conflit, d'où l'importance d'un outil de contrôle. Il a rappelé, à cet égard, la déportation d'Aminatou Haïdar et l'arrestation de 7 activistes des droits de l'homme à leur retour d'un voyage aux camps de réfugiés sahraouis, précisant qu'environ 50 militants sont actuellement séquestrés dans les geôles marocaines. M. Kheddad a passé en revue les derniers développements liés à la question des droits de l'homme dans les territoires occupés et “les graves violations commises par les autorités coloniales marocaines contre les citoyens sahraouis sans défense, dont le seul tort est de revendiquer le respect des droits de l'homme, fondamentalement le droit à l'autodétermination”, affirmant que “cette situation ne peux pas être ignorée davantage par le Conseil de sécurité”. À ce titre, il a estimé qu'il serait “gravissime” que le Conseil de sécurité ferme les yeux, une nouvelle fois, lors de sa prochaine réunion sur la dégradation de la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés. À une question sur l'élargissement des prérogatives de la Minurso pour inclure la protection des droits de l'homme, il a expliqué que “cela ne dépend pas de la Minurso, mais d'une décision du Conseil de sécurité”, relevant, dans ce contexte, que l'année dernière, 14 de ses 15 membres étaient d'accord pour l'élargissement des prérogatives et “seule la France s'était opposée fermement à une quelconque mention de la question des droits de l'homme ou monitoring de la part des Nations unies dans ce sens”. Cette dégradation est aussi perceptible d'un point de vue politique puisque “la dernière déclaration du roi du Maroc ne dénote pas une volonté réelle d'aller vers l'avant dans la voie tracée par l'Onu qui est celle de la légalité internationale”, a-t-il ajouté. M. Kheddad s'est félicité, néanmoins, du rééquilibrage opéré dans la position de l'Onu depuis la nomination de M. Christopher Ross au poste d'envoyé personnel du secrétaire général au Sahara occidental. “Lors de la dernière rencontre entre les deux parties (Maroc et Front Polisario), deux propositions (de règlement du conflit, la marocaine et la sahraouie) étaient sur la table de négociations avec la même valeur, mais le Maroc n'a pas assumé ses responsabilités”, a-t-il souligné. “Il (le Maroc) devait bien discuter de la proposition sahraouie, mais il s'est rétracté malgré les promesses données à M. Ross que la réunion allait avoir comme point fondamental de discussion les deux propositions”, a-t-il déploré. Pourtant, la proposition sahraouie est “conforme à la légalité internationale et au droit, et laisse toutes les voies ouvertes, y compris pour l'autonomie en tant qu'option”, a fait remarquer M. Kheddad. S'agissant d'un éventuel nouveau round de négociations entre le Maroc et le Front Polisario, il a indiqué que la partie sahraouie attend la visite de M. Ross dans la région, “après quoi, a-t-il dit, une évaluation de la situation sera faite et on verra après si un nouveau round de négociations sera possible avant la réunion du Conseil de sécurité, en avril prochain, ou après”.