La Wilaya III n'est plus. Elle a été remplacée depuis l'Indépendance par d'autres wilayas, plus aptes à gérer les affaires administratives. Mais la “III” est toujours dans les cœurs. Pour beaucoup de citoyens, elle rappelle un passé glorieux et fort. Appartenir à cette Wilaya c'est se réclamer des valeurs de patriotisme et de sacrifice. Justement, le réalisateur Achène Osmani a entrepris de monter un film sur l'histoire de la III, comme les moudjahidine l'appellent affectueusement, son parcours mais aussi son apport à la Révolution. Ce film, intitulé à juste titre les Lions d'Algérie, mobilise institutions de l'Etat, famille révolutionnaire, organisations civiles, hommes de culture, investisseurs et simples citoyens. Tout le monde s'y met pour la concrétisation du projet. En effet, là où il est passé, à Bordj Bou-Arréridj, Sétif, M'sila et Bouira, et en attendant les autres wilayas administratives de la Wilaya historique III, toutes ces parties se portent volontaires et s'impliquent. Cela rappelle la mobilisation des citoyens de la région pour la Révolution. Mais la dimension n'est pas seulement morale. L'écriture de l'histoire est un aspect important du projet. Son synopsis se veut un témoignage sur les atrocités subies par le peuple algérien durant la glorieuse guerre de Libération nationale. Retour quelques années en arrière. Le cadre politique économique, social et même culturel était autre. Le colonisateur a essayé par tous les moyens de faire accepter à l'Algérien qu'il est son sauveur, mais il a toujours été confronté —et depuis 1830— à un refus catégorique de cette doctrine. Les moudjahidine et tous les Algériens ont résisté avec dignité à l'acharnement aveugle des hordes de l'armée coloniale. À côté des villages incendiés, des mosquées souillées, la torture a été pratiquée sous toutes ses formes, sans distinction d'âge ni de sexe ou de région. Cette pratique encore vivace a été évoquée dans maints articles de presse, documentaires et films de cinéma. Mais dans beaucoup de ces derniers, elle n'a été qu'un détail ou pire une illustration. Dans le film d'Osmani, elle est le sujet principal. Il était temps ! Les Algériens, qui ont subi les premiers crimes contre l'humanité, ont été à l'avant-garde dans la lutte contre ces actes barbares. La fiction se mélange à la réalité dans toute sa laideur mais aussi sa grandeur dans ce film qui décrit des anonymes qui ont vécu et marqué l'histoire par leur sang et leurs souffrances. Mais ce film est loin d'être destiné aux historiens. Il prend résolument une orientation grand public, avec de l'action, de l'émotion, de vrais personnages romanesques, sans oublier l'approche historiquement juste de la complexité de ce conflit et des personnages embarqués dans le tourbillon de ce drame. Il répond à de nombreuses questions, notamment celles sur l'unité indiscutable de l'Algérie, et s'interroge entre autres sur les méthodes de tortures dignes des barbaries combattues durant la Seconde Guerre mondiale. Le film sera assez réaliste et dévoilera le vrai visage du colonialisme, âmes sensibles s'abstenir ou se préparer psychologiquement ! Ce film devrait casser cette vision glorificatrice du colonialisme. L'intensité du scénario nous tient en haleine jusqu'à la fin. Bel exemple pour la jeunesse actuelle. “C'est le flambeau de la victoire que les jeunes doivent préserver”, dira le réalisateur.