Insalubrité, incivisme, embouteillage, chômage, drogue… sont autant de maux qui ont défiguré la charmante et paisible ville connue pour ses mille et un platanes. Si l'insalubrité gagne du terrain dans la ville de Boufarik, à cause de l'incivisme et du laisser-aller des services communaux, la circulation routière est devenue quasiment impossible dans cette ville avec les camions semi-remorques, engins de travaux publics et autres poids lourds paralysant durant leurs traversées le centre-ville. Devant le nombre important de véhicules légers et lourds qui se dirigent surtout vers les régions de l'Est, la ville se trouve asphyxiée le matin comme le soir par la densité de l'embouteillage. Sur leurs vespas, les deux agents de la circulation, qui sillonnent la ville pour tenter de dénouer les points noirs, semblent dépassés par le grand nombre de véhicules qui emprunte en même temps le chemin du centre-ville. Devant cet état de fait, la paisible ville de Boufarik est devenue stressante, polluante et désagréable pour ces citoyens habitués à respirer l'air pur. Ce qui a encore détérioré le cadre de vie de la population, c'est l'état des chaussées de la majorité de la ville qui ressemble à un champ de patate. Les travaux du réseau d'assainissement effectués en plein centre-ville ont laissé des séquelles. Les tranchées creusées pour réaliser ce projet ont été recouvertes hâtivement par une légère couche de bitume laquelle se décape à chaque averse. Que de maux sont à déplorer dans cette ville devenue sans âme. Les projets d'utilité publique tels que la construction d'un marché couvert et la restauration du grand boulevard Si Smaïl après avoir chassé, il y a une année, les commerçants qui l'occupaient illégalement et d'une façon anarchique, semblent que leur réalisation n'est pas dans l'agenda de l'APC. “Depuis Borely la Sapie, premier maire de Boufarik et peut-être d'Algérie, la porte principale de l'APC n'a jamais été fermée ou suspendue quelles que soient les causes devant les citoyens. Par "ingéniosité" et sous prétexte des travaux de réfection que connaissent quelques bureaux de l'APC, la présente assemblée a tenu à fermer ses portes après près d'un siècle d'ouverture”, a déclaré Rabah, un sexagénaire natif de la ville des Oranges qui déplore amèrement la situation dans laquelle se retrouve son beau village d'avant où les platanes restent toujours témoins d'une bonne gestion des affaires communales. L'activité culturelle dans cette ville, jadis réputée par ses groupes de théâtre amateurs, ses cinéphiles et ses différents groupes musicaux modernes est quasiment absente aujourd'hui. La fameuse salle Le Colisée est dans un état attristant. Depuis plus de quinze ans, ce bijou construit durant l'ère coloniale est fermé. Cette situation a permis à un intrus de profiter de la complicité de certains ex-élus pour pouvoir s'accaparer de la partie ouest de la salle tout en en condamnant l'issue de secours. “Comment peut-on amputer ou vendre une partie d'un monument qui entre dans le patrimoine de l'Etat sans que personne ne lève le petit doigt pour dire stop ! Basta ! Même les directives du wali, données lors de sa visite à ce chef-d'œuvre, ordonnant de rouvrir le dossier et provoquant une enquête approfondie pour identifier les personnes qui ont été derrière ce massacre, n'ont pas été prises en considération”, souligne notre interlocuteur Rabah S. qui par la même occasion évoque les trois salles de cinéma de la commune totalement détériorées et abandonnées. À Boufarik, le chômage prend des proportions alarmantes. Certains jeunes tentent d'occuper les trottoirs et les places publiques pour vendre des articles vestimentaires et autres produits, d'autres préfèrent s'adosser aux murs tout en risquant de verser dans des affaires de mœurs. La vente des stupéfiants dans cette ville bat son plein. Ce qui a encore aggravé la situation et paralysé toute action de main-d'œuvre, c'est la fermeture des hangars de l'ex-Ofla qui occupent pratiquement le tiers de la ville et qui sont jusqu'à aujourd'hui “abandonnés” sauf que certains ont été bizarrement vendus à des particuliers et d'autres ont été cédés aux travailleurs. Boufarik s'est vidée de ses entreprises. À part l'entreprise Etterkib et l'Inerga, deux filiales de la Sonelgaz, qui demeurent actives, les trois dernières anciennes entreprises, à savoir l'usine de textile, Jacob et l'ex-SNLB, aujourd'hui Adécors, qui après avoir liquidé plus de la moitié de leur personnel par les sorties en retraite anticipée, se trouvent actuellement à l'agonie et les salaires du personnel s'effectue tout les deux ou trois mois.