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Aït Ahmed : “La répression et la corruption sont le seul ciment du régime” Alors que Karim Tabbou a été reconduit à son poste de premier secrétaire du FFS
“La vie publique est en voie d'extinction, les espaces publics se rétrécissent comme peau de chagrin, aucune place n'est laissée à une expression libre de la société, encore moins à son organisation. Il n'y a pas d'élections libres, il y a une crise de légitimité et de représentation politique et sociale. Ne demeure plus qu'une gangue institutionnelle. La répression et la corruption sont le seul ciment de l'Etat.” Malgré le poids des ans, peut-être même l'éloignement, le leader historique du Front des forces socialistes (FFS) Hocine Aït Ahmed ne se défait jamais de sa rhétorique lorsqu'il s'agit d'évoquer la situation du pays. Dans une lettre adressée au conseil national de son parti, tenu ce week-end à Alger, Aït Ahmed a, comme de coutume, chargé le régime algérien responsable à ses yeux de “façon écrasante” des “désastres” que connaît le pays et qui, par ses options, dit-il, constitue “un facteur potentiel de déstabilisation régionale”. “Les institutions, la sphère médiatique et l'essentiel des organisations politiques, associatives et syndicales sont dévoyées de leurs missions et responsabilités, réduites à n'être qu'un outil de contrôle et de corruption politique et sociale”, écrit-il. Selon lui, le régime compromet sérieusement l'avenir du pays. “La gestion du hasard menée pendant des décennies a fini par installer la violence au cœur des institutions et des rapports sociaux. Elle bloque toute évolution et toute réforme. Elle nous maintient dans l'archaïsme et compromet sérieusement l'avenir du pays. Seuls ont droit de cité les rapports de forces nus.” “Aujourd'hui, l'expérimentation sociale, la gestion pacifique des conflits, les médiations sociales et politiques sont quasiment impossibles”, ajoute-t-il. Et ce qui n'est pas de nature à rassurer, c'est la complaisance des puissances étrangères, préoccupées désormais par la crise mondiale au détriment du soutien aux initiatives de démocratisation dans les pays à régime autoritaire. À cela s'ajoute l'incapacité des ONG de renverser les rapports de force d'autant que l'Algérie est victime d'enjeux et d'équilibres géopolitiques régionaux, voire mondiaux. “Comment expliquer autrement le silence, la bienveillance voire la complaisance envers un régime qui ne peut pas moderniser, stabiliser et encore moins démocratiser le pays ; un régime qui a une responsabilité écrasante dans les désastres que nous avons vécus, et qui, circonstance aggravante, constitue, par ses options, un facteur potentiel de déstabilisation régionale”, soutient l'ancien responsable de l'organisation secrète. Que faire dès lors ? Aït Ahmed appelle son parti à se libérer de l'étreinte du pouvoir et à élaborer une nouvelle stratégie. Mais au-delà, il demande à ses militants de faire un bilan de la démarche adoptée jusque-là et à définir les objectifs, les moyens pour un changement radical et pacifique. “Se préserver, survivre pour survivre n'est pas l'ambition de notre parti ; ce n'est pas une option viable. Ne devons-nous pas redéfinir notre planning stratégique ? Nos instruments de navigation politique ?” Dans ce contexte, la conférence nationale d'évaluation démocratique et transparente, prévue par les statuts du parti, constitue à ses yeux une occasion idoine pour faire le point. C'est pourquoi, par souci de “priorité stratégique” et “d'efficacité”, il a décidé de reconduire l'actuel premier secrétaire, Karim Tabbou à son poste. Il lui donne cependant la latitude d'apporter les aménagements nécessaires au sein du Conseil national.