L'ouverture, hier, de la session de printemps de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou a été pour le moins houleuse. À l'entame des travaux, la tension n'était pourtant pas perceptible dans les travées de l'Assemblée dont c'est la première session pour le nouveau président Mahfoud Belabbes. Après l'expédition du vote des délibérations, le chef de groupe FFS a fait lecture d'une déclaration politique qui a failli mettre le feu aux poudres. Une déclaration au vitriol contre le pouvoir qui a provoqué le courroux du wali de Tizi Ouzou qui a quitté la plénière avec les cadres de l'administration présents. Les élus socialistes n'ont épargné ni le pouvoir central ni la majorité aux commandes de l'APW. Ainsi aux yeux des élus du FFS, c'est le maintien de l'état d'urgence imposé depuis 1992, les scandales des affaires scabreuses et la situation de “non-assistance à population en danger” qui ont provoqué la dégradation de l'image du pays sur le plan international et dont l'une des conséquences est le classement de l'Algérie sur la liste noire. De plus, les procès qui ont défrayé la chronique économique nationale “renseignent sur le degré de déliquescence d'un pouvoir vieillissant et aux abois”, estiment les élus du FFS. Sur un autre registre, la répression des syndicats autonomes a fait sortir de ses gonds le parti socialiste. Le FFS trouve la situation politique, dans le pays, alarmante. Au plan régional, la situation est encore plus désastreuse, à en croire le chef de groupe des élus FFS. Outre les projets en souffrance ou carrément à l'arrêt, c'est sur l'aspect sécuritaire que le FFS a voulu mettre le doigt, croyant pouvoir gêner la majorité sur ce sujet polémique. Ainsi pour le plus vieux parti d'opposition, l'apparition de la corruption, des kidnappings, la prolifération des lieux de débauche, l'expression anarchique dans les quartiers des villes, le squattage des espaces publics… tous ces phénomènes sont devenus des réalités dans le décor mural et moral des villes et villages. Pourquoi ? A cause du laxisme, du consentement, voire du truchement des pouvoirs publics, dénonce le FFS, avant de poursuivre : “Quand les élus du FFS parlent insécurité, l'administration et l'alliance RCD-FLN parlent renforcement des effectifs !” Or, estime encore le même parti, la sécurité ne réside pas dans la militarisation de la société. Autrement dit, la solution, selon les élus de l'opposition, ce n'est pas de mettre un policier, un gendarme ou un militaire derrière chaque citoyen. “La sécurité, tout comme le développement économique, est avant tout une affaire d'éthique, de respect de l'autre et d'esprit d'anticipation aux problèmes de la société”, considère le FFS qui promet de combattre toute velléité qui viserait à dépouiller les élus de leurs prérogatives constitutionnelles. Se sentant visé par la diatribe de l'opposition, le RCD est monté au créneau pour remettre à leur place les élus du FFS. Abordant la question sécuritaire, le vice-président Saâdi Hadibi a jeté un véritable pavé dans la mare, allant jusqu'à accuser le FFS d'avoir “fait entrer le terrorisme en Kabylie.” Au sujet des retards dans la réalisation de certains projets, l'intervenant réplique sèchement : “Nous sommes en train de travailler pour faire une assise”.