Décidément, la Libye se fait de plus en plus respecter dans les capitales occidentales, comme l'indiquent ces excuses officielles de Washington, présentées mardi à Tripoli par le porte-parole du département d'Etat Philip Crowley. Ce dernier a déclaré que les Etats-Unis ont exprimé des “regrets” pour avoir ironisé sur le numéro un libyen Mouammar Kadhafi et annoncé, par la même occasion, qu'un diplomate américain de haut rang allait, en l'occurrence Jeffrey Feltman, secrétaire d'Etat adjoint pour le Proche-Orient, se rendre à Tripoli pour des consultations. “Je regrette que mes commentaires soient devenus un obstacle à l'amélioration de nos relations bilatérales”, a affirmé devant les journalistes Philip Crowley, qui en fait est l'auteur des propos ironiques sur le colonel Kadhafi. Pour rappel, la Libye avait protesté officiellement la semaine dernière contre les propos tenus vendredi 26 février par Crowley au sujet de l'appel à la guerre sainte contre la Suisse du chef de l'Etat libyen. Le porte-parole du département d'Etat avait déclaré en riant que cet appel lui rappelait la diatribe insolite et interminable du dirigeant libyen à la tribune de l'ONU en septembre dernier. “Beaucoup de mots, beaucoup de papier volant un peu partout, et pas forcément beaucoup de sens”, avait-il affirmé en substance pour commenter les déclarations de Mouammar Kadhafi. “J'aurais dû m'en tenir à notre préoccupation concernant le terme de djihad, qui a par la suite été clarifié par le gouvernement libyen”, a expliqué Philip Crowley à la presse, disant s'être rendu compte que ses “commentaires personnels ont été perçus comme une attaque personnelle visant le président libyen”. Il n'a pas manqué de préciser que “ces commentaires ne sont pas le reflet de la politique américaine et ne visaient pas à être offensants. Je présente mes excuses s'ils ont été pris dans ce sens”. Il faut dire que Tripoli a accompagné ses protestations officielles par des menaces indirectes de mesures de représailles économiques. En effet, la Compagnie nationale libyenne de pétrole avait mis en garde la semaine dernière les compagnies pétrolières américaines des “répercussions” que pourrait provoquer ce trait d'ironie. Il n'a pas fallu beaucoup de temps aux Américains pour rectifier le tir. Ces excuses ont été qualifiées hier de “victoire” par un journal gouvernemental libyen Al-fajr Al-Jadid, qui a écrit que “la Libye remporte une victoire dans la bataille initiée par le porte-parole du département d'Etat américain”. Selon le journal, les excuses américaine ont “prouvé le bien-fondé de la position” de la Libye et sa “capacité à préserver sa dignité”, précisant que les “deux pays tournent ainsi la page de ce différend qui menaçait les relations bilatérales”.