Plusieurs maladies cryptogamiques dangereuses telles que la septoriose et le mildiou menacent actuellement les produits agricoles notamment ceux de première nécessité tels que le blé et la pomme de terre, a révélé avant-hier M. Mohammed Cherif Ould Hocine, président de la Chambre nationale de l'agriculture (CNA) en marge du séminaire organisé à la salle de l'ex-INH de Boumerdès par la société Doudah sur le thème “Changements climatiques, l'environnement et l'hygiène”. Mohammed Cherif a justifié l'apparition de ces maladies par les derniers changements climatiques qu'a connus le pays. “Ces amplitudes thermiques ont des conséquences graves sur le cycle végétatif des plantes et entraînent l'apparition de plusieurs maladies comme le mildiou qui a fait des ravages à Mostaganem, notamment sur la pomme de terre et qui menace actuellement les wilayas de Aïn Defla, Bouira, Boumerdès”, a-t-il précisé. Le blé et l'orge sont eux aussi menacés par la septoriose, maladie redoutable qui attaque principalement le blé de la germination à la maturité, a-t-il encore ajouté, citant l'exemple de Blida, Médéa et Sétif où la septoriose menace la production du blé dur. Le président de la CNA indique que cette maladie dangereuse a pour conséquence une diminution très importante sur les niveaux de rendement. “Nous risquons d'avoir d'autres problèmes sur les orges, c'est pourquoi l'action préventive est de mise aujourd'hui voire plus qu'indispensable”, a-t-il préconisé, invitant les inspecteurs phytosanitaires, les Chambres d'agriculture et les fellahs à redoubler de vigilance en restant mobilisés pour faire face à ces maladies qui s'attaquent en général à des produits de première nécessité tels que la pomme de terre, le blé, l'orge et les animaux. “Les gens sont conscients et nous espérons qu'il n'y aura pas de dégâts considérables sur les productions”, a-t-il indiqué. Il soulignera, par ailleurs, l'importance du secteur de l'agriculture qui a produit plus de 18 milliards de DA l'année passée, tout en réussissant une collecte de céréales ayant permis d'éviter au Trésor public la dépense de un milliard de dollars. M. Mohammed Cherif plaidera pour l'instauration d'une assurance revenu pour les agriculteurs qui permettra à ces derniers de se protéger contre les risques de faillite mais aussi et surtout pour la protection de l'outil de travail indispensable pour la régularité des produits agricoles. À une question sur les problèmes qu'a connus le marché du lait ces derniers jours, M. Mohamed Cherif n'a pas manqué d'exprimer son soutien aux transformateurs qui ont fait des efforts considérables pour s'approvisionner sur le marché local. “Le meilleur indicateur de l'intéressement des transformateurs à notre production nationale est qu'on est passé de 186 millions de litres en 2008 à 315 en 2009 et nous projetons d'arriver à 500 millions de litres pour 2010”. Pour ce responsable, il n'y a pas d'avenir pour le lait sans le lait national. “La poudre d'importation n'est qu'une échappatoire”, a-t-il encore ajouté. Sur les insuffisances en matière de stockage des produits agricoles frais en Algérie, il dira que ce déficit qui est de un million de m3 a des conséquences nuisibles sur la distribution et les prix des produits agricoles. “Sur les 42 marchés de gros existants, 11 sont informels alors que les autres ne fonctionnent pas comme il le devrait”, affirme-t-il. “La mise en marche des produits agricoles en Algérie se fait en entonnoir, au sommet, on dispose largement de produits production mais leur écoulement se fait au goutte-à-goutte”. La meilleure solution pour sortir de ce goulot d'étranglement de notre production est la création des infrastructures nécessaires. “Nous attendons la concrétisation des propositions faites il y a deux ans par le ministre au Conseil de gouvernement et qui consiste en la création plus de 50 marchés de gros au niveau national”. À noter que plusieurs autres conférenciers ont animé des thèmes se rapportant à la lutte contre les maladies sous toutes leurs formes ou des sujets sur l'hygiène et le rôle des collectivités locales lors de cette quatrième rencontre ouverte par le conseiller du ministre de l'Environnement et à laquelle ont pris part plus de 500 participants.