Outre son salaire de ministre, Chakib Khelil touche tous les mois 15 000 dollars versés par la caisse de retraite de la Banque mondiale. “Depuis qu'il est ministre de l'Energie et des Mines, sa mission peut être résumée en un seul mot : pomper !” Ce commentaire d'un connaisseur des questions pétrolières algériennes, qui a requis l'anonymat, résume, à lui seul, le bilan de Chakib Khelil à la tête de l'un des secteurs économiques les plus sensibles d'Algérie. Entré au gouvernement à la fin de l'année 1999, le ministre de l'Energie et des Mines aura, en effet, tout fait pour favoriser une forte implantation des entreprises pétrolières américaines en Algérie, au détriment de la Sonatrach et de ses filiales, dont l'avenir serait sérieusement menacé. Sa stratégie lui aurait été dictée par le puissant lobby pétrolier américain : l'extraction d'un maximum de pétrole des puits algériens, sans se soucier des autres aspects de l'industrie pétrolière locale. “Chakib Khelil a bloqué tous les projets destinés à développer l'aval. Il s'est contenté de favoriser l'implantation des pétroliers américains en Algérie pour exploiter un maximum de puits. À aucun moment, il n'a vraiment cherché à développer une industrie pétrolière algérienne, qui est porteuse d'une réelle valeur ajoutée”, accuse un ancien cadre de la Sonatrach, aujourd'hui consultant en France pour le compte d'un groupe néerlandais. Sous son règne, au moins une vingtaine de nouvelles entreprises aurait obtenu de juteux contrats en Algérie. Sans surprise, ils portaient tous sur l'exploitation de puits pétroliers. Dès 2001, pour pouvoir gérer directement la Sonatrach, prétextant un différend sur la stratégie à suivre, il limoge l'ancien PDG de la compagnie, Abdelhak Bouhafs. Appuyé par les Américains, il a survécu aux nombreux changements intervenus au sein des équipes dirigeantes qui se sont succédé à la tête de l'Algérie. Lors du limogeage de Ali Benflis et son remplacement par Ahmed Ouyahia, certaines sources l'avaient donné pour partant. Finalement, il n'en était rien. “Il ne faut pas oublier une chose, Chakib Khelil est en mission commandée pour le compte des Américains. Il est au gouvernement pour les servir et il reste donc intouchable”, souligne notre source. En effet, appelé par Bouteflika pour s'occuper du pétrole et de la Sonatrach dès son élection en avril 1999, Chakib Khelil avait officiellement demandé un “temps de réflexion”. En réalité, selon nos informations, il avait mis à profit cette période pour négocier son départ à la retraite avec la Banque mondiale à Washington, qui l'employait depuis plus de 18 ans. Les négociations entre les deux parties n'ont pas été faciles, mais Chakib Khelil avait obtenu le soutien des Américains qui sont les principaux actionnaires de la Banque mondiale. Résultat : il négocie son départ à la retraite dans d'excellentes conditions. Aujourd'hui, outre son salaire de ministre, le retraité Chakib Khelil touche tous les mois 15 000 dollars américains (1 500 000 dinars !) versés par la caisse de retraite de la Banque mondiale. N. L.