La vente des Galeries algériennes au groupe Khalifa, qui avait défrayé la chronique en juin 2002, commence à livrer ses premiers secrets. La présidence de la République est directement impliquée dans cette affaire. Le groupe Khalifa avait soumissionné et acheté pour 120 milliards de centimes les Galeries algériennes sises à la rue Larbi-Ben-M'hidi. Le lendemain, la commission de liquidation des entreprises publiques dissoutes a décidé, sur injonction du président Bouteflika, d'annuler la vente. Le directeur général des domaines, M. Mohamed Benmaradi, a été relevé de ses fonctions par décret présidentiel. Ce haut cadre de l'état, qui attendait des félicitations de ses supérieurs, se voit recevoir une tuile sur la tête. Il avait déclaré que la vente était régulière et qu'il avait l'accord de son supérieur, le ministre des Finances, M. Medelci. Suite à cela, les Domaines ont suspendu toutes les ventes aux enchères des entreprises dissoutes au niveau national. Cette décision, dictée par les services du ministre des Finances, a conduit à l'arrêt des ventes des actifs des entreprises dissoutes au niveau national, dont 38 seulement au niveau de la wilaya d'Alger. Il faut ajouter à cela tous les frais engendrés au Trésor dus au personnel chargé de garder les biens de l'état, sans compter le délaissement sans entretien de ces édifices qui, avec le temps, perdent de leur valeur. Ce gel, effectivement, est lié à la vente de ces galeries au groupe Khalifa et à l'annulation de celle-ci. C'est ce qu'avait confirmé le directeur général des domaines. Il faut rappeler que cette transaction a été effectuée conformément à la réglementation en vigueur et en présence d'un commissaire-priseur. Des observateurs et des spécialistes avaient émis des interrogations sur une telle désaffection qui entache la démarche visant à développer ce genre d'opération de privatisation. Ils avaient souligné que cela suscitera des hésitations et des appréhensions chez les investisseurs potentiels, nationaux et étrangers. Il faut rappeler que sous la pression de la présidence, le groupe Khalifa avait rendu public un communiqué dans lequel il avait démenti vouloir acheter aux enchères les biens domaniaux. Ce qui est totalement faux, car ses mandataires étaient bel et bien présents et ont même remis un chèque de garantie de cinq millions de dinars. Il demeure que la décision de suspendre toute vente des actifs des entreprises dissoutes, dictée par le plus haut magistrat du pays, reste une option qui échappe aux observateurs économiques, en ce sens qu'elle va à l'encontre des réformes pour le passage à l'économie de marché. Aucun communiqué officiel ne l'a annoncée à l'opinion publique et aux opérateurs économiques. Contactés, les responsables au niveau des services des domaines d'Alger et même de la direction générale n'ont pu donner d'explication convaincante. Cependant, ils ont fait état, dans la discussion, de directives venues de la présidence, via le ministre des finances. Le secrétaire général du ministère des Finances, M. Lakhal, habilité à donner une explication officielle, que nous avons tenté d'approcher, n'a pas voulu nous recevoir. Les spécialistes de cette question estiment que ce blocage des ventes des actifs des entreprises publiques dissoutes engendre au Trésor, et par conséquent à l'Etat, des pertes énormes en matières de liquidités, d'investissements et de création d'emplois. Un simple exemple : l'Etat aurait pu reloger environ mille familles victimes du séisme du 21 mai dernier et ce, seulement avec les 120 milliards qu'aurait perçus le Trésor de la vente des Galeries algériennes, annulée par le président de la République. M. B. Quand Khalifa niait l'évidence Précisions du groupe Suite à l'information publiée par certains organes de presse relative à l'achat par le groupe Khalifa des grandes galeries d'Alger (ex-EDGA), le groupe tient à apporter un démenti formel quant à cette information dénuée de tout fondement. Le groupe Khalifa n'est nullement intéressé par les ventes aux enchères des biens domaniaux. In Le Matin n° 3151 du mardi 2 juillet 2002