Le principal fournisseur, un Nigérian, est actuellement en fuite. La valeur de la marchandise écoulée depuis un an dans le Grand-Alger est estimée à plus de 35 millions de DA. Un réseau spécialisé dans le trafic d'héroïne a été démantelé à Alger. Composée de sept personnes, dont un lycéen mineur et une jeune fille récemment exclue du lycée, de deux fournisseurs, un Nigérian et un dealer algérien, cette filière sévissait, depuis un an, dans le Grand-Alger, plus exactement à Qahwat Chergui (sur le route de Bordj El-Bahri), Chéraga, Bouchaoui et Zéralda. Selon le commandant Hocine Bella, responsable de la compagnie de Chéraga, tout a commencé, il y a quinze jours, quand des renseignements, faisant état de la commercialisation de la drogue des riches à Chéraga sont parvenus aux gendarmes. Les premières indications faisaient état de deux voitures de marque Renault Mégane et BMW qui acheminaient cette drogue dure à Haï Kalma, à Bouchaoui. Suite à quoi, une enquête a immédiatement été diligentée pour pister les deux véhicules. Jeudi après-midi, aux environs de 17h, à la faveur des renseignements obtenus lors des investigations, le premier véhicule, à savoir la Renault Mégane, a été intercepté à Haï Kalma. Deux personnes, Z. H., un lycéen mineur, et R. O., un commerçant âgé de 22 ans, seront appréhendés. La fouille de la voiture aboutira à la découverte de 6 grammes d'héroïne. Le gramme était vendu aux clients à 7 000 DA . L'exploration des deux narcotrafiquants permettra aux gendarmes de Chéraga de remonter la filière et d'arrêter, 20 minutes plus tard à la même place, S.Y. (né en 1989), à bord d'une voiture de marque BMW. Ce dernier se faisait passer pour un clandestin et avouera qu'il n'était qu'un simple consommateur, alors que les renseignements parvenus aux enquêteurs faisaient état de trafic et de commercialisation. S. Y. ne se rendra pas tout de suite puisqu'il prendra la fuite pour semer un sachet de poudre dans la nature. Appréhendé après une course-poursuite, il s'avérera que S. Y. était bel et bien un fournisseur qui s'approvisionnait à partir de Qahwat Chergui, plus exactement chez le dénommé Mohamed, un Nigérian, principal fournisseur du réseau depuis déjà une année. Le sachet jeté par S. Y. contenait entre 10 et 20 grammes d'héroïne et était destiné aux clients fidèles de cette toile d'araignée qui commençait à grandir. Au téléphone, les deux fournisseurs usaient du code “Tchatchna” avant de passer la commande et de l'acheminer vers Bouchaoui, Chéraga et Zéralda. Les clients sont notamment basés à Ben Aknoun, Hydra, Alger-Centre, Rouiba, Chéraga, Bouchaoui et Zéralda. Au départ, le dealer voulait tromper la vigilance des gendarmes pour leur faire croire que “Tchatchna” ne signifiait rien. Et ce n'est qu'une fois tombés les résultats du laboratoire d'analyses que les enquêteurs chutent sur un réseau bien établi et spécialisé dans la poudre d'héroïne. D'ailleurs, la fouille de la BMW permettra aux gendarmes de récupérer 4 autres grammes de la même substance. C'est que le Nigérian écoulait une moyenne de 500 à 1 000 grammes par semaine dans les deux points de rendez-vous, à savoir Qahwat Chergui et la station-service de Chéraga. Les enquêteurs ne s'arrêteront pas là puisqu'ils exploreront les téléphones portables des dealers et des consommateurs pour encore déterminer la base et la nature de la clientèle. C'est ainsi que, après activation du numéro de S. Y., les appels fusaient de partout pour demander la poudre. La majorité des clients qui appelaient commandaient entre 2 et 5 grammes, alors que d'autres commandaient selon la somme en leur possession, c'est-à-dire entre 15 et 40 000 DA. S. Y. gagnait entre 2 000 et 3 000 DA par gramme vendu puisqu'il achetait l'héroïne à raison de 4 000 et 5 000 DA chez Mohamed le Nigérian. Les gendarmes pousseront les investigations jusqu'à la rencontre, vendredi dernier, de quelques clients à Zéralda. Ici même, 2 personnes, dont une jeune fille, ont été arrêtées en flagrant délit à bord d'un véhicule de marque Kia Picanto. La fouille du sac de la jeune lycéenne, récemment exclue des études, aboutira à la découverte de deux joints de kif traité, d'une autre quantité de cannabis non encore traité, mais surtout de 2 grammes d'héroïne. Au total, ce sont 7 personnes, dont un mineur et une jeune fille, qui seront arrêtées, 6 grammes d'héroïne, 7 téléphones portables, 30 grammes de cannabis et différentes sommes d'argent récupérées sur les clients et sur S. Y. lors de cette opération. Quant au Nigérian en fuite, il écoulait, selon les premiers éléments de l'enquête, une moyenne de 100 à 300 grammes par semaine alors que la valeur marchande de l'héroïne écoulée (près de 5 kg), depuis une année, s'élève à 35 millions de DA. La perquisition du domicile des concernés n'a rien donné, certes, mais l'enquête se poursuit d'autant que, dimanche dernier, le tribunal de Chéraga a mis sous les verrous 4 personnes et prononcé la liberté provisoire contre 3 autres, dont le mineur et la jeune fille.