Résumé : Arrivé dans un autre village, Mohamed tient à s'arrêter pour y passer la nuit. Un paysan le prend en charge et lui propose de participer aux semailles pour se faire un peu d'argent et permettre à sa mère de se reposer. 7eme partie Mohamed réfléchit un moment. L'idée de rester quelques jours dans ce village si hospitalier n'était pas mauvaise. La saison automnale était bien avancée et, dans quelques jours, l'hiver fera son entrée et la neige couvrira alors toutes les montagnes environnantes, et les chemins deviendront impraticables. Après un long silence, Mohamed se retourne vers l'homme et lui dit : - Vous êtes sage et raisonnable. Ce que vous me proposez m'honore vraiment. Mais, je n'aimerais point être une charge pour vous. - Vous ne le serez pas, puisque je vous propose de travailler dans mes champs. Et puis, je crois que cette vieille femme n'a plus sa santé. Je n'aimerais pas l'avoir sur la conscience en vous laissant partir ainsi vers des lieux inconnus. Vous allez devoir traverser des forêts où, en cette période de l'année, les loups ne feront de vous qu'une bouchée. Mon fils, je vois que vous êtes adulte et raisonnable, mais il vous manque encore cette expérience de la vie qui mûrit les hommes. - D'accord, répondit Mohamed, je consens à travailler pour vous moyennant le gîte et le couvert pour ma mère. - Tu n'auras pas seulement çà mon fils. Tu seras toi-même pris en charge et tu auras ton dû à la fin de la saison. - Je n'aimerais pas abuser de votre bonté. Ma force physique suffira à compenser le reste. - Epargne-moi tous ces propos sans fondement. Dès ce soir, tu fais partie de ma famille, et personne n'osera me contredire. À ce moment, la jeune fille vint déposer devant eux un plat de couscous fumant garni de légumes et de morceaux de viande. Mohamed oublie le reste du monde pour dévorer la jeune fille du regard. Mais, cette dernière eut tôt fait de disparaître. Le jeune homme se met à manger d'un air distrait, en se demandant s'il avait bien fait d'accepter la proposition de ce vénérable bonhomme. Tout compte fait, pourra-t-il vivre sous le même toit que cette jeune fille au regard ensorceleur ? Et combien de temps pourra-t-il soutenir ce regard sans pouvoir échanger une seule parole avec elle ? L'homme le tire de ses méditations. - Apparemment, ce couscous n'est pas à ton goût Mohamed. - Hein ? Ah, le couscous ! Le couscous est succulent. - Alors pourquoi manges-tu à peine ? - Je… Je vais manger. Je suis un peu fatigué et… - Mange mon fils. Tu as besoin de récupérer et de reprendre des forces si tu veux te lever à l'aube demain pour te rendre aux champs. Mohamed se remet à manger. Mais, malgré sa bonne volonté, ses pensées revenaient sans cesse à cette jeune brune qui l'a foudroyé. - J'ai une famille assez nombreuse à ma charge, reprend l'homme. J'ai ma femme et quatre filles. Les trois aînées sont mariées, et il ne reste que la benjamine, Louisa. C'est celle qui est venue nous servir. Mohamed dépose sa cuillère et s'essuie la bouche à une serviette. “Louisa”, elle s'appelle Louisa. Un nom d'or pour cette beauté qui le porte si bien. - Elle vient d'avoir tout juste 16 ans. J'ai déjà reçu quelques demandes en mariage pour elle, mais jusqu'à présent, aucun prétendant ne me paraissait digne d'elle. De nos jours, les gens cherchent des filles de familles aisées pour avoir accès à certains biens et au prestige d'être lié à des familles nobles. Je n'accorderai la main de Louisa qu'à celui qui la mérite au sens propre du terme. - Tu as raison, lance Mohamed, qui sentait un feu embraser ses joues. - Je disais donc que j'avais une famille assez nombreuse. Hormis ma femme et mes filles, j'ai aussi en charge mes deux belles-sœurs. L'une est la femme de mon frère aîné, mort accidentellement il y a environ cinq années lors d'une rixe au village. Il nous a légué toute sa progéniture. Ils sont six orphelins à ma charge. J'ai demandé à ma belle-sœur de retourner chez ses parents et de refaire sa vie, mais elle a refusé. Elle a préféré rester ici avec ses enfants. J'ai été même jusqu'à lui proposer de la reprendre comme seconde épouse, mais c'était une chose inconcevable pour elle. (Il chuchote) Je crois que ma femme lui a foutu la trouille aussi. (À suivre) Y. H.