Résumé : Une première journée passée auprès des paysans permettra à Mohamed de constater la rigidité des mœurs de ces derniers. Ils étaient simples, mais sévères dans leurs jugements… 10eme partie Il passe une agréable soirée, puis rentre avec Da Idir. Un dîner chaud les attendait dans la grande salle. Ils mangèrent de bon appétit, et Mohamed remarque que la jeune Louisa n'était pas en vue. C'était un des neveux de Da Idir qui s'occupait du service. Il fut déçu, mais ne le démontra point devant son hôte, qui, tout de même, remarque son air absent et son silence. - Alors Mohamed, tu as avalé ta langue ce soir mon fils, ou bien est-ce la fatigue qui te rend aussi taciturne ? Mohamed relève la tête et remarque l'air taquin de Da Idir. Avait-il compris que c'est sa jeune et adorable fille qui lui manquait ? Il sourit, et Da Idir pousse un soupir. - Ouf ! Je vois que tu es tout de même content de ta journée. - Même très content Da Idir. Le hasard a bien fait de conduire mes pas chez vous. - Le hasard fait toujours bien les choses mon fils. Il faut savoir lui faire confiance, voilà tout. - Bien sûr. Mais je remarque aussi que les paysans de ton village sont très accueillants malgré leur rudesse. - Les paysans, mon fils, sont tous pareils. Tu dois en connaître un bout sur eux toi aussi qui est paysan et fils de paysan. - Oui. Mais à vrai dire, dans mon village, ma famille vivait dans l'opulence et n'avait jamais eu à manier une pioche. Mon père possédait plusieurs terres et faisait travailler une armada de gens. Mais très jeune, j'ai été initié à l'amour de la terre, tout comme j'ai appris les rudiments de l'agriculture. Mon père disait toujours en riant que la terre est comme une femme qu'il faut savoir aimer. Si elle est aimée à sa juste valeur, elle donnera toujours une bonne récolte. - Bien dit. Ton père était un sage. - Oui mais pas ses fils. - Oublie tout ça Mohamed. Si j'ai un conseil à te donner, c'est plutôt de reprendre ta vie en main. Tu es jeune et fort. Ce sont les deux atouts qui garantissent la réussite à ceux qui veulent gagner honnêtement leur vie. Mohamed hoche la tête. - C'est pour cela que j'avais décidé de quitter mon village pour me rendre en ville. - Oui. Mais attend un peu jusqu'au retour des beaux jours. La saison hivernale ne s'annonce pas de tout repos. Avec le grand froid qui arrive, nous aurons bientôt du mal à nous déplacer, même au sein de notre village. - Je m'inquiète surtout pour ma mère. Elle est âgée et malade. - Raison de plus pour rester au village jusqu'au prochain printemps. Ne t'inquiète pas. Je te considère déjà comme mon propre fils, et tant que tu es sous mon toit, je veillerai à ta prise en charge et à ton confort. - Que Dieu multiplie tes biens Da Idir. Mais ma mère sera quand même une charge pour les femmes de la maison. - Ne t'inquiète donc pas, elle sait se rendre utile. - Ma mère ? Se rendre utile ? Elle arrive à peine à distinguer un fil blanc d'un fil noir ! Y. H. (À suivre)