Ce réseau attribue les numéros de châssis ainsi que la plaque numérologique d'un véhicule réformé à la voiture volée. En 2010, pas moins de dix actes similaires et agressions sont commis par ce gang dirigé par son “cerveau” basé à Baraki. Belles, jeunes, mais dangereuses, les deux cousines, T. S., 19 ans, et C. D., 25 ans, font partie d'un important réseau de vol et de trafic de véhicules dans la capitale jusqu'au 24 février dernier, quand une voiture de marque Renault Mégane est subtilisée à son propriétaire dans la localité de Birtouta. La victime, violemment agressée par les complices de sa “copine” à la ferme 148 Ali Bouhadja, se présente à la compagnie de la Gendarmerie nationale pour se plaindre. Une fois les soins appropriés faits à la polyclinique de Birtouta, le chauffeur sera entendu pour porter plainte. Mais, il ne dira pas tout. Car les investigations des gendarmes démontreront vite que la victime n'était pas seule dans son véhicule. Chose que le chauffeur avouera quelque temps après avoir été auditionné une seconde fois. Et c'est ainsi que l'enquête, la vraie, débutera pour remonter la filière et identifier les auteurs de l'agression. Invité dans un soi-disant appartement de sa copine à Birtouta, son “idole” le détournera vite en lui apprenant que ledit logement est occupé et qu'ils doivent être en toute quiétude sur la route secondaire, à proximité d'un champ de citrons. Là, la victime sera surprise par l'arrivée d'une autre voiture de marque Peugeot 206 à bord de laquelle se trouvent deux personnes, sa cousine et son “copain”. Agressé par l'un des malabars, il sera délesté de sa voiture, de ses papiers, de son blouson en cuir, de 15 000 DA, d'un micro portable et de ses 3 téléphones portables. Les voleurs, eux, prendront le butin et fuiront vers Khraïssia, avant de rallier Baraki. La victime sera acheminée par un automobiliste vers la compagnie de la Gendarmerie nationale de Birtouta que dirige le capitaine Mohamed Mezouar. Celui-ci nous apprendra qu'une équipe sera immédiatement engagée sur la piste d'un réseau dont les ramifications commencent à se faire identifier. C'est que la victime, à l'instar de plusieurs autres, est tombée dans le même panneau, nous raconte M. Mezouar. Un des complices présente à sa proie une des jeunes filles et le met en confiance pendant quelques jours. Elle se fait passer pour sa copine au point où son prétendant ne pourra rien lui refuser. Une fois que le pigeon pique son bec, il se fait agresser et délester de son bien et de sa voiture. La preuve, la victime avoue qu'elle aura connu sa copine seulement au téléphone. Son histoire, son passé et ses habitudes, il n'en connaît absolument pas le moindre détail. Et il suffit d'un rendez-vous, l'espace d'un scénario sur la RN1, pour que sa vie tourne au cauchemar. Un scénario similaire que des jeunes hommes pratiquent également sur les femmes véhiculées et qu'ils mettent en confiance, comme le cas de M'sila, où une mère de trois enfants s'est fait piéger par une bizarre connaissance. Les véhicules réformés reprennent du service grâce aux “papiches” ! L'enquête diligentée aboutira, deux jours après, à l'arrestation de T. S. (19 ans). Celle-ci reconnaîtra les faits et avouera qu'elle est l'instigatrice de l'action et du vol avec ses deux copains, R. M. (21 ans), repris de justice pour avoir été impliqué dans le trafic de véhicules, et M. H. (21 ans), qui habitait autrefois dans l'enceinte de la décharge publique de Oued Smar. Sa cousine, C. D. (25 ans) sera, elle aussi, appréhendée. Demeurant à Bouira, elle reconnaîtra difficilement les faits mais finira par cracher le morceau. Enfin, le réseau opérationnel est entre les mains des services de sécurité. Mais ce n'est pas fini ! Selon les premiers aveux, les quatre “amis” ne travaillent pas seuls. Ils activent pour le compte de A. A., la quarantaine, et demeurant à Baraki. Le “cerveau” du gang. D'ailleurs, ils affirmeront aux gendarmes que la Renault Mégane est vendue pour 20 millions de centimes et que chacun d'eux empochera 5 millions de centimes. C. D. en fera bon usage : elle achète des boucles d'oreilles et un démodulateur pour télévision. De quoi “capter” d'autres voitures à partir de sa cellule à Boufarik. A. A. sera ainsi suivi de près. Il sera vite identifié, surtout qu'il s'agit d'un repris de justice qui sera connu dans le milieu de trafic de véhicules. Le jour de son arrestation, il tentera de fuir. Car, dans son domicile, il n'y a pas que la Renault Mégane. Il y a aussi une voiture signalée et volée de marque Chevrolet. C'est que A. A. ne vole pas toutes les voitures qui circulent. Tous ses vols sont liés à l'acquisition d'une voiture réformée mais de même marque et modèle. Il suffit de changer le numéro de châssis et sa plaque numérologique pour circuler en toute quiétude. Des détails difficiles à déceler à première vue. D'ailleurs, il aura fallu aux gendarmes la sollicitation d'un scanner pour confirmer que le numéro de châssis de la Renault Mégane est bel et bien maquillé et poinçonné à froid. Un travail de professionnel dans lequel A. A. s'est investi en faisant appel à deux jeunes gens et deux jeunes et belles cousines pour accomplir ses forfaits. Une dizaine au moins durant les trois premiers mois de 2010, puisque ce gang a loué 10 fois la même Peugeot 206 chez un concessionnaire basé à Kouba. Présentés devant le tribunal de Boufarik, ils sont placés sous mandat de dépôt. Association de malfaiteurs, vol qualifié, coups et blessures volontaires (CBV) et faux et usage de faux, tels sont les chefs d'inculpation retenus par le ministère public contre les 5 mis en cause.