Un dossier important, mais un procès attendu et marathonien ; des prévenus qui s'en lavent les mains mais une instruction qui risque de les accabler. Une trentaine d'avocats qui affûtent leurs plaidoiries, mais des témoins, une cinquantaine, qui sont attendus devant le tribunal. Mesdames et Messieurs, la cour ! Tizi Ouzou, palais de justice. La salle d'audience est archicomble en ce lundi matin. L'appel des prévenus donne déjà l'ampleur d'un procès qui risque de défrayer la chronique judiciaire locale. La lecture de l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation assomme l'assistance. Une cinquantaine de pages, pas moins. La présidente du tribunal a dû suspendre la séance vers 13 heures pour une pause. Alors que l'APC devait se constituer partie civile, ce sont des citoyens qui se sont fait représenter par des avocats en tant que parties plaignantes. Après un premier report en date du 29 décembre 2009, le procès a été ouvert hier. Quatre prévenus sont en détention préventive, un ancien maire est en fuite, alors que les autres accusés comparaissent libres. Les anciens directeurs de l'agence foncière B. Hocine et A. Mohamed, ainsi que S. Amar et H. Mehdi, des fonctionnaires du même établissement sont en effet en détention. Lors de leur déposition devant le juge instructeur, ils ont donné leur version des faits. Ainsi, selon l'acte d'accusation, A. Mohamed, qui a pris la direction de l'agence foncière durant deux ans à partir du mois d'août 1998, a déclaré que sa mission était d'assainir la situation de l'agence qui était en même temps sous la loupe des inspecteurs de l'IGF. B. Hocine, lui aussi ancien responsable de l'agence foncière, a affirmé que la plupart des attributions des lots de terrain ont été décidées lors du conseil d'administration du 9 septembre 2000. Il a reconnu que de nombreux lots sont attribués plusieurs fois à différents bénéficiaires. Des fonctionnaires de l'agence foncière et des administrations publiques ont également bénéficié de lots de terrains. L'affaire a éclaté suite à une plainte des autorités locales. L'ancien wali de Tizi Ouzou avait, en effet, demandé une enquête en date du 12 juin 2002, suite à des anomalies constatées dans l'attribution des lots de terrain à la périphérie de la ville des Genêts. Il a été constaté à l'époque que des individus avaient bénéficié plusieurs fois de lots de terrain, d'autres ont fait bénéficier leurs proches et amis, et d'autres encore ont utilisé des prête-noms, selon l'accusation. Les prévenus sont poursuivis pour les chefs d'inculpation de dilapidation de biens publics, faux et usage de faux, abus de confiance, corruption et trafic d'influence. Hier après-midi, les principaux accusés devaient être entendus par le tribunal. Le procès, qui se poursuit aujourd'hui, verra défiler à la barre un ballet de témoins de prévenus. La défense qui affûte ses armes a demandé vainement, hier, la présence d'autres témoins pour un procès “juste et équitable”, ce qui pourrait donner une autre tournure au procès.