Résumé : Mohamed a suivi Louisa et l'a aidé à déposer sa jarre avant de lui adresser la parole et de lui avouer son amour. La jeune fille ne semblait pas rejeter ses avances. Mais c'était compter sans Da Idir… 13eme partie Que se passe-t-il ? Mohamed n'aimait pas le silence accusateur . Cela n'a jamais rien auguré de bon. Mais, enfin, si Da Idir lui reprochait quelque chose, il n'avait qu'à le dire ! Ils revinrent à la maison avec des paniers chargés de victuailles qu'ils déposèrent dans la remise en attendant que les femmes s'en chargent, puis se lavèrent soigneusement dans la courette, avant de revenir dans la grande salle où la femme de Da Idir était occupée à leur servir à manger. Mohamed, sentant l'odeur du couscous fumant, tentât de détendre l'atmosphère : - Hum… Cela sent vraiment bon. Da Idir l'invite d'un geste à venir s'asseoir avec lui autour de l'âtre pour le dîner. En vérité, Mohamed avait une faim de loup. La journée du marché a été longue et bien froide, et ils n'avaient rien mangé, ni lui ni les autres, depuis qu'ils avaient quitté la maison aux premières lueurs du jour. Seulement, devant l'air sérieux de son hôte, Mohamed pressentit des remontrances. Da Idir lui en voulait. Il n'y aucun doute. Mais pourquoi ? Là, était l'énigme. Mohamed avait beau tenter de se rappeler une maladresse, il ne put rien trouver de valable à cet air courroucé qu'affichait son hôte. Contrairement à leurs habitudes, ils mangèrent en silence. À la fin du dîner, la femme de Da Idir vint débarrasser et leur servit un café. C'est ce moment que choisit Mohamed pour poser à Da Idir la question qui lui brûlait les lèvres. - Je te trouve bien silencieux ce soir Da Idir. Y a-t-il quelque chose qui te préoccupe ? L'homme sirote son café, puis lève les yeux vers lui. - Ah ! Tu as donc remarqué que je suis en colère contre toi. - En colère contre moi ? s'écrie Mohamed. Mais qu'ai-je pu faire de si grave pour susciter la colère de mon bienfaiteur ? - Si tu connaissais la valeur de la reconnaissance, Mohamed, tu n'aurais pas essayé de porter atteinte à mon honneur et sous mon propre toit. Mohamed devint blême. L'expression de Da Idir le laisse sans voix. Il reprend ses esprits et répond : - Je ne comprends pas, Da Idir. À ma connaissance, je n'ai rien fait de tel, que ce soit sous ton propre toit où ailleurs. Je n'aurais jamais le courage de souiller l'honneur d'un généreux bienfaiteur qui m'a ouvert la porte de sa maison et son cœur. Da Idir prend une longue respiration, puis regarde Mohamed dans les yeux. - Mon fils, tu n'es pas sans savoir que vivre dans cette grande maison et avoir autant de responsabilité que la mienne n'est pas de tout repos. - Cela, je le sais fort bien, Da Idir. - En plus, ma maison abrite des femmes. Tu vois bien que, hormis quelques parents, les hommes évitent au maximum de lorgner vers nos femmes. Et la règle est valable dans tout le village. Y. H. (À suivre)