Izuran, au pays des hommes libres, de Fatéma Bakhaï, est le premier volet d'une trilogie. Dans cette première partie, l'auteure remonte le cours de l'histoire et révèle l'être humain et, par ricochet l'Algérien d'aujourd'hui, à lui-même. Il est relié par étapes au fil perdu ou oublié des racines, des origines. Pour cela, elle remonte très loin, aux origines les plus lointaines, les plus profondes. Connues ou méconnues. Avec ce roman, Fatéma Bakhaï vient allonger la liste des ouvrages qu'elle a écrits. Née à Oran, et après des études de droit, l'auteure entame une carrière dans la justice en tant que magistrat pour être après avocate. Romancière et auteure de jeunesse, elle a à son actif plusieurs publications parues en France et en Algérie. Izuran, au pays des hommes libres retrace, dans ses grandes lignes, le quotidien d'une population à travers un itinéraire chronologique. Un roman qui retrace l'Histoire. Notre histoire. Dans les premiers chapitres, au moins le 1er et le 2e, Fatéma Bakhaï débute par une fiction, peut-être est-ce une manière de poser les jalons de son roman ? Ou peut-être une autre manière de captiver l'attention du lecteur par ce récit fictif, où le détail est présent (dans tout le roman aussi). Dans ce début, c'est le personnage de “Elle” (qui est le point déclencheur de l'histoire) qui vit au sein d'une horde dirigée d'une main de fer par la “matriarche”. Une femme respectée pour ses qualités. Une époque où c'était la femme qui dirigeait et le pouvoir revenait à la plus téméraire, la plus solide. C'est ce qu'“Elle” veut : gagner les faveurs de la matriarche. “Elle savait qu'en déposant aux pieds de la matriarche un bel œuf d'autruche, elle aurait droit à une caresse. (…) Ce serait déjà une reconnaissance, le signe que, le temps venu, elle serait capable de prendre à son tour la horde sous sa protection.” (Page 9). Toutefois, cet équilibre bascule, les hommes changent de comportement, de perception : “Depuis que les mâles savaient que sans eux la femelle n'était plus qu'un mâle amoindri, une pâle réplique sans la force et la vigueur nécessaires à manier les lourdes massues, ils avaient un autre regard.” (Page 33). Au fur et à mesure que l'histoire évolue, des repères historiques viennent se greffer. Ils jalonnent la trame. Un va-et-vient dans le temps, le passé et le vécu du quotidien. Ce qui nous permet de comprendre notre Histoire, celle construite par nos ancêtres. Un roman où le détail est très présent, le lecteur voyage, rêve, grâce à une écriture alliant fluidité, détail dans la description et histoire. Une impression d'écouter un conte. Izuran, au pays des hommes libres, de Fatéma Bakhaï, éditions Alpha (roman), Alger 2001, 201 pages. Prix : 500 DA