En quoi le médicament générique peut-il constituer une solution qui permet à la fois de réduire la facture des importations et le large accès des malades à leur traitement à prix décent ? C'est à cette préoccupation que tentent de répondre les professionnels de la santé et les pouvoirs publics face à l'ampleur de l'enveloppe annuelle des importations des produits médicamenteux. Cette dernière a atteint durant les huit premiers mois de l'année 2008 un milliard de dollars. Elle correspond à 80% des besoins en médicaments couverts par l'importation. Malgré les mesures d'encouragement à la production nationale prises par l'Etat, l'Algérie demeure un pays lourdement tributaire du marché extérieur contrairement à ses voisins tunisien et marocain qui ont réduit de façon substantielle leur dépendance en développant leur industrie pharmaceutique locale. En vérité, cette immense rente est détenue par quelques groupes de pression qui transgressent ouvertement la réglementation en important y compris des génériques fabriqués localement, imposant ainsi une concurrence de fait aux produits locaux et décourageant par là même les initiatives d'investissement dans ce domaine. Par ailleurs, les lobbys du médicament, et tout le monde le sait, ont souvent provoqué des pénuries organisées à travers des ruptures de stocks pour surfer sur les prix au gré de leurs intérêts et bien entendu, au détriment des malades. Cette réalité est reconnue par les pouvoirs publics eux-mêmes. Ainsi, lors du premier salon international du médicament générique, tenu au Palais des expositions des Pins-Maritimes, le ministre de la Santé, dans une déclaration rapportée par l'APS a affirmé que “les importateurs conditionneurs ont un délai d'une année jusqu'à mars 2011 pour se mettre à la production… cette mesure n'arrange pas certaines personnes qui préfèrent qu'on reste au stade importation-emballage. Ces personnes veulent gagner de l'argent rapidement sans faire beaucoup d'efforts…” Selon des sources proches du secteur de la santé, durant l'année 2007, sur 4 000 produits enregistrés, 3 000 sont des génériques dont 1 000 fabriqués localement et 2 000 importés. Cette situation, non seulement obère notre balance commerciale, mais elle constitue également un coût social exorbitant pour le Trésor public et une lourde charge financière pour la sécurité sociale. Pour sa part, le président du Syndicat national des pharmaciens d'officines a indiqué que “le problème auquel font face les opérateurs reste la loi de 1998. En mai 2008, le gouvernement a introduit quelques modifications concernant les marges bénéficiaires applicables à la production, au conditionnement et à la distribution des médicaments à usage de médecine humaine… la loi met le médicament originel ou princeps et le générique sur la même fourchette de prix, c'est contre la politique du générique”. Enfin, selon le professeur Amalou, représentant de la Cnas, 52 millions d'ordonnances sont remboursées annuellement et 20% des médicaments, en majorité importés, absorbent 80% des remboursements par la Sécurité sociale. Toujours selon ce dernier, le générique peut fortement participer à la réduction de la facture des produits pharmaceutiques. Nous sommes donc en présence d'un consensus des différentes parties prenantes pour une politique de développement d'une industrie nationale de production de médicaments génériques. Dans de telles conditions, l'on peut légitimement s'interroger sur les forces qui tentent de s'opposer à la concrétisation de cette volonté maintes fois affirmée par les autorités.