“Dans l'ombre chaude algérienne” est l'intitulé de l'exposition de Bruno Hadjih qu'abrite, depuis le 11 avril dernier, le Centre culturel français d'Alger. Plus d'une vingtaine de photographies en noir et blanc agrémentent les murs de la salle d'exposition du CCF. Après avoir exposé au Musée de l'art moderne et contemporain à Alger, en 2007, dans le cadre de la manifestation culturelle “Alger, capitale de la culture arabe”, l'artiste nous revient, trois ans plus tard, avec une exposition assez singulière. Singulière par sa construction, sa composition et sa perception. Avec une thématique bien précise, “Dans l'ombre chaude algérienne” nous révèle une réalité ô combien connue de nous tous : celle de notre Algérie. Des instantanés pris sur le vif, capturant un moment de vérité où aucun artifice n'existe. Une vision d'une société, le tout avec cette touche artistique. Le tout est mélangé à un sentiment de vide. Malgré la présence de personnage ou autre élément constituant le sujet des photographies, la sensation (et/ou) le sentiment de vide est plus qu'omniprésent. “Je travaille avec le vide (vide apparent). Ce vide n'est pas une lacune. C'est un espace agissant où la réalité reste mouvante et en suspens. C'est un vide au sens où l'entend Ibn Arabi : absence d'artifices, dialogue avec l'essentiel”, avoue l'artiste. Un vide qui déséquilibre l'équilibre initial de la photo. Deux entités différentes certes, mais font bon ménage, apportant même une touche de profondeur. La plupart des œuvres exposées sont des “sans titre”. Pour plus d'anonymat, de mystère et d'appropriation.Pour que le public puisse s'imprégner de tout ce qu'émane de ces photos. Une sorte d'initiation à la sensibilité : celle de Bruno Hadjih. Réalisée avec un panoramique et un boîtier 24x36, équipé d'un 35 mm. “Cela m'obligea à un contact physique direct avec la population. Ce qui paraissait être un handicap allait devenir une composante de ma démarche.” C'est en ces termes que le photographe reporter explique sa démarche. Une démarche tracée selon un concept très minimal. “Tout juste suffisant pour permettre la justesse du cadrage, le déclenchement de l'obturateur et susciter le questionnement.” Pari tenu ! Chaque photo interpelle. Avec ce regard neuf, pétri de souvenirs d'une personne qui porte l'Algérie dans son cœur, même de loin. “Dans l'ombre chaude algérienne”, c'est un parcours “sans excuse ni a priori”. Un parcours fait de dédales et de venelles, chargés d'histoire et gorgés d'amour ; drapés d'un voile de pudeur. Ce sont des images qui nous dévoilent avant toute chose un talent. L'exposition “Dans l'ombre chaude algérienne”, de Bruno Hadjih, se poursuivra jusqu'au 29 avril 2010, au Centre culturel français d'Alger.