Partant de témoignages retrouvés dans les dossiers du bureau du planning familial (bureau de conseils de jeunes filles sur la contraception), la réalisatrice Claire Simon s'est inspirée de ces récits pour produire son long métrage les Bureaux de Dieu. Réalisé en 2008, ce film de deux heures a été projeté avant-hier à la filmothèque Mohamed-Zinet (Riadh El-Feth). À l'affiche, une pléiade de comédiens français, notamment Nathalie Baye, Michel Boudjenah, Marie Laforêt et Béatrice Dalle. Mis en scène comme un “documentaire fictif”, les témoignages de ces jeunes filles sur la contraception, dont certaines sont mineures, sont émouvants. Ce film est un récit qui reprend les témoignages de certaines maghrébines qui se retrouvent “déchirées” entre deux cultures. Evoluant dans des familles conservatrices, le sujet de la sexualité reste tabou et leur ultime solution est de recourir au planning familial. Leurs récits se ressemblent à quelques éléments près : elles tombent enceintes par mégarde et optent pour l'avortement... Tout a commencé dans un bureau du planning familial, où deux adolescentes se confient à la conseillère sur le problème de la contraception. Désemparées, ces jeunes filles ne savent pas comment parler de leurs problèmes – dus à leurs relations sexuelles – à leurs parents. Elles sont livrées à elles-mêmes et n'arrivent pas à s'assumer. L'actrice Nathalie Baye, dans le rôle d'une conseillère, prend en charge une adolescente de 16 ans, d'origine algérienne, et qui avait peur que sa mère apprenne toute la vérité sur elle et sur sa vie intime. “On ne parle jamais de sexualité, si ma mère l'apprend, elle me tuera”, se confiait l'adolescente. À travers ce long métrage, Claire Simon a voulu soulever le problème de la sexualité en France et démontrer que cette dernière subsiste toujours dans ce pays, dit libéral. La réalisatrice a mis l'accent sur le rôle des conseillers du planning familial, qui mènent un long travail psychologique afin de leur expliquer qu'elles sont les seules à décider de leur sort. Après le long métrage, un débat a eu lieu, mais la réalisatrice n'a pu être présente en raison de l'annulation de son vol à la dernière minute. Le débat s'est porté sur ces Algériennes qui vivent cette situation. “Les associations devraient instaurer ce genre de bureaux dans les cités universitaires, nos jeunes sont complètement livrées à eux-mêmes”, a clamé une femme dans l'assistance.