Un film émouvant et très instructif, Les Bureaux de Dieu, le documentaire fiction de Claire Simon, réalisé en 2008, a été projeté avant-hier à la filmothèque Mohamed-Zinet de Riad El Feth à Alger. Ça se passe dans un centre de planning familial, au cinquième étage d'un immeuble à Grenoble. Il y a Djamila qui vient pour obtenir des pilules, Nadjma pour faire un test de grossesse et un jeune couple de Maghrébins qui vient pour un test de virginité. Ces bureaux de planning sont pour des milliers de femmes un refuge, un abri, un havre où elles peuvent parler de sexe, de contraception et d'avortement en toute liberté, sans contrainte et sans craindre d'être jugées. «Il y avait cette écoute remarquable des conseillères qui n'avaient pas une attitude "jugeante"», fera remarquer Nadia Aït Zaï, lors du débat qui a suivi la projection. A travers Les Bureaux de Dieu, Claire Simon nous entraîne, comme par effraction, dans l'univers secret des femmes. Le film, qui dure près de deux heures, traite de plusieurs thèmes: l'interruption volontaire de grossesse (IVG), et ainsi que le débat sur l'avortement, la contraception et la vie sexuelle de chacun de nous, le mariage forcé...mais le film aborde surtout le problème de l'ignorance des jeunes dans le domaine, qu'ils soient français ou maghrébins, européens ou africains. «Est- ce que vous savez comment votre corps est fait?», lancera une conseillère (interprétée par Nathalie Baye) à l'adresse d'un groupe d'adolescentes venues au centre pour s'informer. La sexualité demeure un tabou même dans les sociétés les plus évoluées. Le constat fait dans Les Bureaux de Dieu serait une sorte de réquisitoire contre l'ignorance...mais aussi un plaidoyer auprès des parents et des institutions éducatives pour l'enseignement de l'éducation sexuelle. «Ce sont les jeunes filles d'origine maghrébine qui venaient le plus souvent au centre de planning familial», cette observation a été formulée par plusieurs personnes présentes dans la salle lors du débat. Certains clichés et poncifs n'ont pas été évités dans le documentaire, même si Claire Simon part, bien évidemment, d'un constat juste: les jeunes filles maghrébines demeurent toujours influencées par les us et coutumes de leurs pays d'origine. Quoi qu'il en soit, Les Bureaux de Dieu est un pari très réussi..., fera remarquer la réalisatrice algérienne, Malika Laïchour.