11h30 hier à l'aéroport Houari-Boumediene d'Alger. L'activité dans l'enceinte semble évoluer le plus normalement du monde. Mais en apparence seulement. Le guichet de l'agence de la compagnie nationale grouille de monde. Munis de leurs titres de transport, les passagers en attente affichent des mines défaites. Certains d'entres eux sont là depuis les premières heures de la journée dans l'espoir de dénicher une place pour regagner la France. Les files d'attente s'étendent et les esprits se chauffent jusqu'à perdre toute patiente. “Pourquoi personne n'est en mesure de nous donner une information fiable”, s'écrie une dame traînant deux enfants dont l'un en bas âge. “Je ne peux pas venir tous les jours de Médéa pour repartir bredouille, donnez-moi une date que vous serez en mesure de respecter”, lâche-t-elle visiblement excédée de ne pas trouver une oreille attentive. Imperturbables, les agents d'Air Algérie semblent froids à la limite du mépris. Certes, ils sont complètement dépassés par les évènements mais surtout, eux-mêmes, à court d'informations. “Les choses évoluent au fur et à mesure et nous sommes là à nous accommoder avec ce qui se présente. C'est le flou total”, nous confie un agent d'Air Algérie submergé par un groupe d'Asiatiques qui vient se présenter au guichet d'enregistrement. Le vol de Pékin (de rattrapage) est annoncé pour 13h50. “Il y a déjà eu un vol qui est parti ce matin en direction de Marseille et un autre pour Toulouse”, nous dit-on à Air Algérie en nous orientant vers l'agence pour de plus amples informations. Nous nous faufilons alors dans la longue file d'attente. Les commentaires fusent de toute part et la pagaille est générale. De nombreux ressortissants algériens étaient venus passer quelques jours en famille parce qu'en France, c'étaient les vacances de Pâques et se sont retrouvés coincés en Algérie sans pouvoir reprendre le travail et privant ainsi les enfants de l'école. D'autres ont carrément raté des rendez-vous professionnels importants et certains des rendez-vous pris depuis des mois pour des soins médicaux. Air France, selon Wassila Boubekeur, responsable de la communication de la compagnie en Algérie, a également pu faire voler un de ses avions en direction de Marseille, mais c'est loin d'être suffisant. Les passagers, selon elle, sont carrément appelés ou informés via SMS de toute nouvelle information et possibilités. Un autre vol est prévu pour aujourd'hui à 13h05 et transportera 206 passagers. Il y a eu sept vols au total vers la France effectués par Air Algérie, Aigle Azur et Air France mais l'aéroport de Marseille se retrouve saturé avec une telle concentration. Genève, Paris, Bruxelles, Lyon et bien d'autres destinations portées sur le tableau d'information de l'EGSA affichent la mention “annulé”, seuls les départs vers l'Espagne qui sont maintenus. Aigle Azur tout comme Air France ont certes effectué dans la journée de dimanche des vols tests concluants, mais cela n'a pas suffi à convaincre tant la menace de ce nuage de cendres émis par le volcan islandais continue à faire des siennes. Les pertes sont considérables pour les compagnies aériennes (150 millions d'euros/jour en Europe) et British Airways en connaît un bout. Depuis jeudi, il n'y eu aucun vol en provenance de Londres et l'équipage britannique qui a effectué le dernier vol sur l'Algérie est à ce jour bloqué dans un hôtel à Alger. “Nous sommes à l'affût de la moindre information qui pourrait nous annoncer la fin de ce cauchemar”, nous confie Radia Diffallah, account manager Algérie assurant que les clients sont contactés régulièrement. “Il n'y a aucune annulation mais des changements de date”, indiquera-t-elle, alors que le service du contrôle aérien, à partir de Londres, a annoncé hier que “l'espace aérien britannique va être progressivement rouvert à compter de mardi, à commencer par l'Ecosse dès 6h GMT, puis en Angleterre et au Pays de Galles si les conditions le permettent au cours de la même journée”.