Le droit à l'exercice libre du syndicalisme demeure toujours lettre morte. Les autorités opposent un niet catégorique à toute demande d'agrément des syndicats autonomes, violant ainsi les lois en vigueur et les conventions internationales. Le front social a connu, notamment durant les quatre dernières années, une effervescence sans précédent. L'éducation, l'enseignement, la santé, l'administration publique... pratiquement tous les secteurs d'activité sont ébranlés par des mouvements de contestation mobilisant des milliers de travailleurs. En dépit de leur capacité à mobiliser, témoin de leur représentativité, les syndicats autonomes sont méprisés et parfois réprimés. Pourquoi ne veut-on pas agréer les syndicats autonomes ? La déclaration du président de la République prononcée le 23 février 2005, dans laquelle il a affirmé qu'il ne reconnaît que l'UGTA comme le seul syndicat des travailleurs, est on ne peut plus claire, révélatrice des intentions du pouvoir par rapport au droit à l'exercice syndical. Un droit consacré pourtant par la Constitution. L'article 6 de la loi 90-14 du 2 juin 1990 autorise également toute personne qui veut fonder une organisation syndicale à le faire, à condition qu'elle soit de nationalité algérienne d'origine ou acquise depuis dix ans au moins. En sus des lois algériennes, les conventions du Bureau international du travail (BIT) et l'Organisation internationale du travail (OIT) exigent à tous les pays signataires, dont l'Algérie, le respect des libertés syndicales. Mais en Algérie, le respect du pluralisme syndical ne verra pas encore le jour. Au contraire, les nombreux syndicats activant sur le terrain sont confrontés à des pressions en tous genres : interdiction des sit-in, sanctions salariales et répression contre les responsables syndicaux. Le droit à la grève, consacré par la loi 90-02, est également remis en question. Les autorités semblent avoir trouvé un autre moyen pour contrer les actions des organisations syndicales. Le recours à la justice pour invalider les débrayages initiés par les syndicats de l'éducation en est une preuve de la volonté du gouvernement d'étouffer la protestation des travailleurs. Le cumul : au lieu de faire un pas en avant pour apaiser le front social, déjà en ébullition, le chef du gouvernement s'est prononcé, récemment, contre la revalorisation des salaires des travailleurs de la Fonction publique. Une des principales revendications des syndicats autonomes et même de la centrale syndicale. En tous cas, le bras de fer opposant le gouvernement et les organisations syndicales risque de se durcir davantage durant l'année en cours, d'autant plus que ces dernières ne sont pas près de baisser les bras.