Lundi dernier, le jeune comédien Karim Benchaba a présenté son dernier one man show à la bibliothèque de l'Etablissement Arts et Culture, rue Didouche-Mourad à Alger. Sur un texte du poète Abderrahmane Lounès, les Polis p'tits chiens, ce jeune artiste a transporté l'assistance dans l'univers ô combien satirique et critique du poète déchu. À la base, le texte de ce monologue est la compilation des poèmes d'Abderrahmane Lounès (lauréat en 1994 du prix Malek- Haddad, décerné par la Fondation Noureddine-Aba). Dès l'entame, le ton est donné et la couleur est fixée. Durant près d'une heure, l'assistance – composée essentiellement des habitués des lieux – aura droit à un mode d'emploi plus que spécial. Le comédien Karim Benchaba charma l'assistance avec les mots, souvent crus, du poète. C'est un tableau des plus sarcastiques que l'auteur dresse de la société algérienne. Enfin, pas toute la société. Une partie bien précise. Avec une parfaite élocution, le comédien nous débite, avec des jeux de mots, des calembours sans détours, la clé de la réussite et pas n'importe laquelle. La réussite sociale. Il nous dit comme devenir un “poli p'tit chien”. C'est-à-dire un parvenu, un “ventru”. Un “poli p'tit chien” c'est aussi cette personne qui a vendu son âme non au diable mais à pire : au système régent. Tour à tour, le comédien Karim Benchaba passe d'une situation à une autre, déclenchant l'hilarité des présents. Ce qui était juste des petits rires timides est devenu, vers la fin, des éclats sans retenue, témoignant de la pertinence du texte. On a eu droit à tout, le discours de la campagne électorale, la société, la femme, les médias… Tout est passé en revue. Toutefois, le seul petit bémol résidait dans l'absence d'un fil conducteur qui aurait pu solidifier le travail artistique du comédien. L'élocution, la présence scénique et la maîtrise du texte étaient présents et palpables, mais il manquait toutefois le lien entre chaque scène ou partie racontée, afin qu'il y ait une transition, voire une cohérence.