Résumé : Une fois sa colère envolée, Mohamed invite son jeune compagnon à dîner. Ils deviennent amis et le jeune homme lui demande de l'aider à bien connaître la ville. 28eme partie Heureux et fier d'être l'ami d'un adulte, le garçon tend sa main. - Bien sûr, nous sommes amis, monsieur, euh… Mohamed. Le jeune homme se met à rire et caresse un moment la tête du jeune garçon. - Aller, rentre chez toi jeune garçon… Le gamin s'empare du panier qu'il arrive à peine à soulever et se met à marcher aussi vite que le lui permettaient ses maigres jambes. Mohamed le regarde un moment puis redescend vers les tréfonds de la ville. Le bain maure était plein d'hommes venus se laver dans la chaleur des vapeurs dégagées par un feu de bois alimenté au sous-sol par l'allumeur. Mohamed n'eut aucun mal à se faufiler parmi les baigneurs. Il avait auparavant pris le soin de laisser ses affaires au gérant du hammam, qui au premier regard avait compris que Mohamed venait de loin. La vue du fusil l'avait tout de suite renseigné, mais il ne poussa pas le bouchon jusqu'à questionner le jeune homme sur ses origines. Mohamed prend un bain et change ses vêtements, puis se rase, et redevient le bel homme qu'il avait toujours été. Il demande un lit et une couverture pour passer la nuit et paye rubis sur ongle sa nuitée. Le jour s'était levé depuis longtemps, quand le jeune homme ouvre enfin les yeux. La fatigue du long voyage avait fini par avoir raison de lui. Il s'étire et s'assoit un moment sur sa couche pour reprendre ses esprits. Le bain maure avait repris son activité quotidienne et des gens défilaient dans son enceinte. Quelques-uns fraîchement sortis de la chambre chaude discutaient en prenant des rafraîchissements. Mohamed se lève et se dirige vers un robinet d'eau fraîche pour s'asperger le visage avant de s'habiller. Il avait plu dans la nuit et le froid s'infiltrait à travers les carrés et les ouvertures des portes. Le jeune homme frissonne et se dirige vers le comptoir pour récupérer ses affaires. On lui remet son sac, son fusil, et on ira même jusqu'à lui proposer un thé qu'il refuse gentiment. Il sortit dans le froid et la pluie fine qui s'était remise à tomber. Il reste un moment devant la porte d'entrée à contempler le ciel gris et bas qui enveloppait la ville, puis met son fusil à son épaule et s'emmitoufle dans son burnous pour avoir chaud. Il fait quelques pas en direction d'un café situé non loin de là, quand il entendit quelqu'un l'appeler. - Mohamed ! Mohamed ! Attends-moi ! Il se retourne et reconnaît Ali. - Ah ! te voilà toi, lui dit-il en ébauchant un sourire. Je pensais que tu n'allais pas venir. - Si… mais tu m'avais demandé de venir au milieu de la matinée. - Oui. Enfin, tu es là, ne discutons plus et allons prendre un café. Il s'attablèrent à l'intérieur d'un café et commandèrent des boissons. Mohamed regarde Ali avant de l'interroger : - Alors, tu as remis les courses à ta mère ? Le garçon rougit. - Oui. Elle était bouleversée. Cela fait bien longtemps qu'elle n'avait vu autant de nourriture et surtout de la viande. - Alors, c'était la fiesta hier soir chez toi ! - Tu peux le dire. Ma mère a préparé un couscous et nous nous sommes régalés. - Elle ne t'a donc pas posé de questions. - Des questions ? - Oui. Elle ne t'a pas demandé d'où tu ramenais tout ce panier de victuailles ? - Non. Si. Enfin, disons que je lui ai un peu expliqué les choses. Elle a l'habitude de compter sur moi. - Hum… C'est tout de même une mauvaise habitude. Le vol ne paye pas. Y. H. (À suivre)