Résumé : Le jeune homme se promène à travers la ville et ses quartiers et y découvre plus d'un secret. À la tombée de la nuit, il est attiré par les sons d'un orgue de Barbarie. À cet instant précis, un voleur tente de lui faire les poches… 26eme partie Le garçon semblait sincère. Mohamed jette un coup d'œil à ses vêtements sales et rapiécés et contemple son visage. Il avait les traits bruns et la peau mate des gens de la région. Ce garçon aurait pu être beau s'il était bien nourri. Mohamed sentit que le voleur lui racontait la vérité. Néanmoins, il demande : - Qui s'occupe donc de ta famille ? - Moi. - Hein ? Et de quel manière ? Par le vol ? - Je n'ai pas d'autres ressources. Je bricole au port de temps à autre mais, la plupart du temps, mon jeune âge ne me permet pas de travailler. Les gens refusent de donner du travaille aux gamins, il préfèrent les adultes avec expérience. Alors, je suis contraint de voler pour nourrir les miens. - Ta mère ne t'aide donc pas ? - Elle est malade. De temps à autre, elle sort mendier, mais… Il hausse les épaules, et Mohamed remarque les larmes qui inondèrent instantanément le visage du gamin. Il fait mine de n'avoir rien vu et toussote, avant de lancer : - Alors bonhomme, tu considères que le vol est un moyen de gagner son pain ? - Non monsieur, répondit le garçon en reniflant et en essuyant rageusement ses joues. Mais quand vous êtes l'homme de la famille et que les vôtres attendent de vous un geste… Il suspendit sa phrase et regarde Mohamed dans les yeux : - Je ne sais même pas voler à vrai dire. Mais, de temps à autre, cela marche. Je chipe un fruit par-ci, un légume par-là… - Et tu fais aussi une poche par-ci et une autre par-là… - Oui. Mais c'est là où on m'attrape le plus souvent. Mohamed tire le gamin vers lui : - Ecoute-moi bien jeune garçon. Je suis étranger à la ville et je cherche en premier lieu une étable pour mon cheval et un endroit où passer la nuit. - Je peux vous aider, répondit, sans hésiter, le gamin. Il y a un palefrenier qui possède un haras non loin d'ici. Euh… Mais il faut le payer pour garder le cheval. Mohamed hoche la tête. - Bien. Veux-tu m'y conduire ? - Oui. Bien sûr monsieur. Le garçon précède Mohamed dans un dédale de ruelles montantes avant d'atterrir sur un large espace. Il faisait nuit et le jeune homme ne distinguait pas vraiment bien les lieux, mais il reconnut tout de suite le haras, car des chevaux étaient attachés à l'entrée. Il y laisse son cheval pour la nuit, moyennant quelques pièces de monnaies, puis revint vers le vieux quartier arabe toujours accompagné du jeune garçon. Ce dernier le regardait curieusement. Mohamed avait retiré de la selle de l'animal un gros balluchon, une petite besace, et… un long fusil. - Vous avez une arme sur vous ? - Oui. Cela te dérange ? - Non pas moi. Mais les agents de police… Ils n'aiment pas voir des gens armés et, souvent, ils les arrêtent. - Je sais. Mais je ne peux pas laisser mon fusil chez ce palefrenier tout de même. - Mais… Où comptez-vous donc passer la nuit ? - Dans un hammam. - Ah ! J'en connais un. - Moi aussi, le coupe Mohamed, qui se rappelle avoir dépassé un hammam en remontant du port. - Mais… - Mais quoi ? - Je pourrais vous conseiller. La ville est grande et vous êtes encore nouveau. Mohamed sourit. - Détrompe-toi jeune homme. Je suis peut-être un nouveau débarqué, mais j'ai mon expérience de la vie. Il soulève son fusil et le braque sur le jeune garçon qui recule effrayé. - Tu vois cette arme… Elle ne me quittera jamais. Et gare à celui qui tente une quelconque approche malhonnête ! Y. H. (À suivre)