Les travailleurs des communes, aspirant à un meilleur statut et à une amélioration de leurs conditions socioéconomiques, sont appelés par leur représentation syndicale à débrayer à partir d'aujourd'hui pour trois jours. De grève en grève, le front social s'enfonce dans le marasme et ne semble pas prêt à en démordre avec les multiples tensions qui le minent depuis très longtemps. Pour cette fin de mois d'avril, c'est le secteur des communes qui mobilise ses troupes pour manifester la colère et la malvie de plus de 500 000 agents. Décidés à aller jusqu'au bout de leur combat, les travailleurs communaux renouent avec le mouvement de protestation. Une grève nationale de trois jours est prévue à partir de demain, et ce, à l'appel lancé il y a quelques semaines par le Conseil national du secteur des communaux affiliés au Snapap. Il s'agit du deuxième round et probablement pas le dernier, d'une contestation lancée il y a à peine un mois. En effet, le secteur a connu son premier débrayage les 30 et 31 mars dernier. C'était d'ailleurs une première dans l'histoire du secteur qui, à en croire ses initiateurs, “était une réussite totale avec un taux de suivi de la grève de 75%, notamment le deuxième jour.” Mais le succès du débrayage n'a pas inquiété outre mesure la tutelle qui s'est cantonnée dans son traditionnel silence. Une attitude à laquelle le syndicat a décidé de riposter par une nouvelle grève reconductible dont la date sera arrêtée à l'issue de la réunion du conseil. “Au mépris de l'administration centrale, nous répondons par trois jours de grève reconductibles”, nous dit le porte-parole du syndicat M. Ali Yahia. Ce dernier regrette que le citoyen “soit pénalisé par cette grève. mais nous n'y pouvons rien c'est notre seul et unique recours pour tenter d'arracher nos droits”. D'autant qu'au premier débrayage, le Conseil national du secteur des communes a remarqué qu'en dépit “de toutes les intimidations, les travailleurs ont pris conscience de l'urgence et de la justesse de leur cause”, chose somme toute normale quand on sait que l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs communaux est la principale revendication de leur syndicat. Cette nouvelle action a lieu sous le slogan “Pour exiger le rattrapage du pouvoir d'achat et des réponses aux revendications des travailleurs”. Le communiqué laconique dans lequel la tutelle n'a fait que rappeler l'existence d'une commission composée de hauts cadres de l'administration centrale chargée d'élaborer le statut particulier des personnels des collectivités locales de puis 2007 est perçu par le syndicat “comme une manœuvre dilatoire en vue de casser l'élan des syndicalistes” sinon comment expliquer le fait que cette commission qui planche depuis longtemps sur le dossier du statut n'ait toujours pas parvenu à un projet et n'a jamais associer les travailleurs du secteur à cette réflexion clandestine, dénonce le porte-parole du conseil des communaux. Autres revendications des travailleurs des APC “la revalorisation du point indiciaire afin de garantir un salaire de base digne qui permettra aux travailleurs de faire face à la cherté de la vie ; la promulgation du régime indemnitaire ; l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 ; le maintien de la retraite sans conditions d'âge ; l'intégration des contractuels et le respect des libertés syndicales et le droit de grève”. S'il venait à être suivi massivement, le mouvement de grève bloquerait les différentes activités et prestations fournies par les 1 541 communes que compte le pays, notamment les services de l'état civil et la collecte des ordures ménagères.