C'est une équipe de dix chirurgiens orthopédistes qui ont déjà fait leurs preuves lors du séisme du 21 mai 2003. Ils font chaque jour le relais pour accueillir de grands blessés et des gens en détresse Accidents de la route, explosion de gaz, rixe entre bandes de malfrats, attentats terroristes, overdoses, violences conjugales, tentatives de suicide, accidents de travail, c'est le menu quotidien de l'équipe médicale de l'unité d'urgence de Boumerdès. Une équipe de dix chirurgiens orthopédistes qui ont déjà fait leurs preuves lors du séisme du 21 mai 2003. Ils font chaque jour le relais pour accueillir de grands blessés et des gens en détresse. Il est 19h en cette journée de jeudi. Une ambulance qui vient de Khemis El-Kechna rentre à vive allure dans l'enceinte. À son bord, un homme d'une quarantaine d'années grièvement blessé par l'explosion d'une bonbonne de gaz. L'homme, méconnaissable et inconscient, se trouve entre la vie et la mort. “Vite le brancard”, crie un infirmier. Le chirurgien, déjà alerté, se prépare à accueillir son patient inconscient. L'homme sera finalement sauvé mais Il sera amputé de sa jambe droite. 20h, alors que le hall de l'UMC grouille de monde, une autre ambulance de la Protection civile s'annonce. Elle est accompagnée d'un véhicule de police. Elle ramène un homme frappé de plusieurs coups de couteau. Djillali Diguer, qui vient de prendre le relais en sa qualité de chef service, demande aux infirmiers de se préparer. L'homme, d'une cinquantaine d'années, encore ivre, arrive difficilement à se tenir sur ses pieds. Il sera vite conduit à la salle de soins pour être examiné par le médecin qui assure la garde. Ce dernier demande aux infirmiers de nettoyer les plaies du blessé pour subir le traitement adéquat. L'homme sort finalement avec 66 points de sutures. On apprendra plus tard qu'il a été pris à partie par un groupe de jeunes au niveau de l'Albatros. Un lieu réputé pour sa dangerosité, notamment la nuit. À peine les chirurgiens ont terminé de soigner une femme qui s'est cassée la jambe en tombant dans l'escalier qu'une autre ambulance accoste, accompagnée d'une fourgonnette de la police. Cette fois il s'agit d'un policier qui a été touché à la tête par un projectile lancé par un manifestant de Zemmouri. Le policier souffre d'un mal de tête mais son état n'inspire pas d'inquiétude. Dix minutes plus tard, deux jeunes gens, blessés dans la même manifestation par des policiers, sont admis à l'hôpital. Ce sont leurs parents qui les ramènent de Zemmouri par leurs propres moyens Drôle de situation. Les antagonistes se retrouvent finalement mais cette fois dans un hôpital. Les médecins ne veulent rien savoir. Leur préoccupation reste la santé de leurs patients quel que soit leur statut. Il est 22h. La salle d'attente du service orthopédique est encore pleine. Une étudiante, venue de Corso, souffre d'une déchirure musculaire. Elle attend son tour, tout comme ce footballeur qui s'est brisé la cheville lors d'un match de football. La porte du service s'ouvre et un vieillard sort avec une jambe fraîchement plâtrée. Un infirmier le tient par la main et le conduit dans la grande salle. À cet instant, une femme entre en pleurs. Elle accompagne son fils, âgé de 12 ans, qui tient sa main tendue. Il a fait une chute brutale. “Le chirurgien de garde est en salle d'opération et il a encore un autre blessé grave, vous devez attendre un peu, madame”, lui dira Djillali. Le service orthopédique de l'UMC de Boumerdès est parfois sollicité plus que Zemirli en matière de prise en charge des malades. “Il nous est arrivé de faire sept interventions chirurgicales en une seule nuit”, nous dira le médecin de garde. C'est un travail immense qui est fourni chaque jour par des médecins qui perçoivent un salaire de 46 000 DA et habitent encore chez leurs parents ou dans un foyer de garde.