Les dirigeants ibéro-américains souhaitent un sommet mondial de chefs d'Etat et de gouvernement aux Nations Unies pour apporter une réponse "d'urgence" à la crise financière internationale.Réunis à San Salvador pour leur 18e Sommet, ils sont convenus jeudi, dans un communiqué spécial, "d'entreprendre des consultations pour évaluer l'opportunité de convoquer d'urgence" une telle réunion. Ce sommet devrait prendre en compte "la responsabilité du système financier des pays développés dans la crise actuelle", préviennent-ils, ainsi que "l'importance d'une participation active de la communauté ibéro-américaine à la définition d'une réponse internationale" et "la nécessité de coordonner et concerter les actions avec la participation des pays en développement". Ils comptent déjà présenter leur proposition commune au sommet du G20 le 15 novembre à Washington, auquel l'Espagne n'a pas perdu espoir de participer, comme l'a rappelé à San Salvador son ministre des Affaires étrangères Miguel Angel Moratinos. Dans le sillage du consensus auquel ils sont parvenus à San Salvador, ils ont enfin résolu de "coordonner les positions avant la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement", en décembre. Mobilisés contre la crise financière, et malgré les prévisions de croissance revues à la baisse, ils se sont accordés à constater que leur région affronte cette crise "en de meilleures conditions que dans le passé". Le sommet de San Salvador, qui clôture ses travaux vendredi à la mi-journée, était initialement consacré au thème "jeunesse et développement", mais la crise s'est imposée à ses réflexions. Il n'a cependant pas oublié les jeunes, qui, de 15 à 29 ans, représentent 35% de la population de la région. Sa "Déclaration de San Salvador" appelle à des programmes d'éradication de la pauvreté pour la jeunesse, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement. Un "Engagement de San Salvador", adopté avec la Déclaration, propose des initiatives concrètes, comme "l'Ibérorchestre de la jeunesse" et le projet brésilien "Segundo Tempo" de prévention de la délinquance par la pratique du sport. Le Sommet devait s'achever vendredi sur ce thème de la jeunesse, en accueillant la chanteuse colombienne Shakira, qui viendra y présenter sa fondation humanitaire "Alas" (America Latina Accion Solidaria, Amérique Latine Action Solidaire), qu'elle a créée en décembre 2006. Alas a créé des écoles et l'équivalent de "restaurants du coeur". La jeune star sud-américaine avait déjà créé à l'âge de 17 ans une première fondation, "Pies descalzos" ("Pieds nus"), en faveur des enfants colombiens défavorisés. Dans ses diverses conclusions, le Sommet de San Salvador a condamné "le terrorisme sous toutes ses formes", et particulièrement l'attentat à la voiture piégée qui a fait 17 blessés jeudi matin en Espagne sur le campus de l'université de Navarre, à Pampelune. Un "acte terroriste", avaient dénoncé à la tribune le roi Juan Carlos et son Premier ministre Jose Luis Rodriguez Zapatero. Le Sommet a également condamné le "crime organisé", réclamé une fois de plus la levée de l'embargo imposé à Cuba par les Etats-Unis, et réaffirmé la souveraineté de l'Argentine sur les îles Malouines. Le Sommet ibéro-américain rassemble 19 pays latino-américains, l'Espagne, le Portugal et Andorre. Deux absences ont été particulièrement remarquées à San Salvador: celle du leader cubain Raul Castro, représenté par le vice-président Carlos Lage, et celle du président vénézuélien Hugo Chavez, qui a annulé son déplacement en invoquant des "menaces" contre sa sécurité.