Le FLN n'a même pas pris le soin de se préserver une certaine sortie de secours, au cas où les choses viendraient à changer. Belkhadem a signé un chèque en blanc — avait-il d'autre choix ? — au pouvoir, sans jamais s'octroyer le moindre droit de remettre en cause, ne serait-ce que formellement, les choix de ce dernier. Le FLN s'est enfin doté de son bureau politique. À la lecture de la liste qui le compose, la première impression qui se dégage est que la montagne a accouché d'une souris. Le retour des “dinosaures”, assorti d'un semblant d'équilibre régional et d'un zeste d'ouverture sur la gent féminine, confirme cette quête éperdue de Abdelaziz Belkhadem à trouver la quadrature du cercle. Jamais le FLN ne s'est aussi mal porté. Même du temps du parti unique, les débats internes étaient libres, francs et constructifs. Les reculades, les concessions et l'exagération dans le soutien à tout ce qui vient d'en haut ont fini par réduire le parti à une simple machine sans âme, sans but et sans avenir. Le dernier congrès du FLN aura été le plus nul dans les annales de l'ancien parti unique, dans la mesure où le souci principal des dirigeants actuels était de maintenir le cap : c'est-à-dire continuer à tourner en rond. D'un point de vue stratégique, le choix de rester dans le giron présidentiel pourrait constituer une garantie de bénéficier des faveurs de ce dernier, mais cela ne constitue nullement une assurance pour la pérennité du parti, encore moins sur son rôle de leadership. Les dernières élections sénatoriales avaient permis au frère ennemi, le RND, de montrer ses griffes et de menacer sérieusement les acquis de l'ex-parti unique. Il n'est pas dit que les législatives de 2012 seraient gagnées d'avance. Le FLN n'a même pas pris le soin de se préserver une certaine sortie de secours, au cas où les choses viendraient à changer. Belkhadem a signé un chèque en blanc — avait-il d'autre choix ? — au pouvoir, sans jamais s'octroyer le moindre droit de remettre en cause, ne serait-ce que formellement, les choix de ce dernier. En matière de zèle, le FLN fait dans l'excès, dépassant ainsi le RND qui, lui, a choisi de prendre ses distances sur certaines questions et s'est forgé une personnalité, une identité. En politique, on doit savoir prendre, et donner, des coups. Le FLN, version Belkhadem, a choisi le suivisme comme stratégie. Sourd aux appels de sa propre base militante, insensible aux mutations de la société, le FLN, qui a résisté aux tentatives de sa mise au musée, risque de creuser sa propre tombe en continuant de s'enfoncer dans l'immobilisme. A. B.