C'est clair et ce n'est pas demain que Washington fera pression sur son allié stratégique dans la région du Moyen-Orient. Alors, l'Iran sera de nouveau utilisé comme diversion, épouvantail, exutoire. Les Nations unies accueillaient 189 délégations lundi à New York pour l'ouverture de la conférence de suivi du TNP. Un rendez-vous majeur qui va pâtir de la controverse autour du programme nucléaire de l'Iran. Les Occidentaux, l'administration américaine en particulier, accusent la République islamique de chercher à se doter secrètement de l'arme atomique, alors que Téhéran assure que son programme d'enrichissement d'uranium est uniquement civil. Et cette passe d'armes récurrentes depuis la chute du régime de Saddam Hussein en Irak va permettre de nouveau à Israël d'éviter que son programme nucléaire ne soit sur la table des discussions. Ce pays, la sixième puissance nucléaire, refuse catégoriquement de se soumette à un quelconque contrôle de la part de l'AIEA. Washington, qui s'était démené pour que la conférence sur la sécurité nucléaire organisé le mois dernier par Obama n'ouvre pas le dossier israélien, a promis aux arabes via le Caire de mettre sur pied un plan visant à faire du Proche-Orient une zone dénucléarisée (!). Des discussions son engagés avec les dirigeants égyptiens. Le problème est que l'ONU a déjà désigné en 1995 la région comme zone exempte d'armes de destruction massive et qu'un accord “non contraignant” a même été conclu dans cette conférence sur le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Mais la Maison-Blanche s'était catégoriquement refusé d'ouvrir le dossier israélien. Or, pour progresser de manière significative sur la voie d'un Proche-Orient débarrassé des armes nucléaires, il faut commencer au moins par identifier l'arsenal nucléaire israélien et obliger ce pays à accepter de se mettre sous control de l'AIEA. Obama promet aux Arabes l'organisation d'une future conférence régionale sur le sujet, ajoutant quelle concernerait les pays arabes, l'Iran, la Turquie et Israël ! Mais, Washington ajoute qu'il ne faille pas s'attendre à des miracles. Aucun progrès sur la question n'était à attendre tant que des avancées majeures n'auraient pas eu lieu dans les négociations de paix israélo-arabes, poursuit le Wall Street Journal. “Nous pensons que les conditions ne seront favorables que si tous les pays de la région y participent, ce qui est improbable, à moins qu'un plan de paix global ne soit accepté”, a commenté Ellen Tauscher, sous-secrétaire d'Etat pour le contrôle des armements et la sécurité internationale, interrogée par le quotidien. C'est clair et ce n'est pas demain que Washington fera pression sur son allié stratégique dans la région du Moyen-Orient. Alors, l'Iran sera de nouveau utilisé comme diversion, épouvantail, exutoire. L'ouverture de la conférence des Nations unies a commencé avec un bras de fer entre Mahmoud Ahmadinejad et Hillary Clinton. Le président iranien a conduit la délégation de son pays à New York, tandis que les Etats-Unis y sont représentés par la secrétaire d'Etat. Et la conférence sur le TNP, qui vise à progresser en matière de désarmement et à renforcer la surveillance des programmes nucléaires dans le monde, survient pendant que le Conseil de sécurité débat d'un projet américain de nouvelles sanctions contre l'Iran. Ahmadinejad qui a martelé que le programme d'enrichissement d'uranium de son pays est uniquement civil, doit annoncer des propositions “très concrètes” à propos des armes nucléaires “qui représentent la plus grande menace pour la sécurité mondiale”. Pour Téhéran, il est impératif de réformer l'AIEA, incapable d'arrêter la prolifération atomique et de contrôler Israël. Ahmadinejad, suivi en cela par plusieurs chefs arabes, réfute le deux poids, deux mesures du gendarme nucléaire mondial. Mme Hillary Clinton a pris les devants, l'accusant de vouloir tenté de “détourner” l'attention de la conférence qui se poursuivra jusqu'au 28 mai. La dernière révision quinquennale du TNP, en 2005, avait déjà été enflammée par ce type de controverses et n'avait pas même débouché sur un document final. Il y avait cinq Etats nucléaires (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) en 1970, quand le traité est entré en vigueur. Il y en a aujourd'hui quatre de plus : la Corée du Nord, l'Inde, Israël et le Pakistan. Or, le TNP avait fixé trois missions à l'AIEA : le désarmement nucléaire, la non-prolifération et l'utilisation de la technologie nucléaire à des fins pacifiques par tous les pays. L'agence a échoué dans les trois domaines.