À la précipitation des premiers qui voulaient tout et tout de suite, a répondu la prudence de l'Etat, puissance publique, qui a demandé aux porteurs de ses portefeuilles de se retirer de cette instance qui n'a même pas le statut de syndicat patronal, qui de ce fait ne participe pas aux discussions de la tripartite, même quand il est invité. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE), hier considéré comme réceptacle incontournable à toute concertation gravitant autour de la sphère économique du fait de la composante de ses adhérents que sont les poids lourds de ce que compte l'entreprise algérienne, connaîtrait-il une descente aux enfers ? Le retrait en chaîne et en solo des entreprises publiques serait-il le signe significatif que les pouvoirs publics ont des reproches à son encontre ? Le groupe Saidal qui a été le premier en tant qu'entreprise publique à rejoindre le Forum s'est retiré, il y a plus d'une année. Air Algérie vient de prendre le relais suivie par près d'une dizaine sur la quinzaine d'entreprises affiliées. Le Forum du temps de son ancien président, Omar Ramdane, et du premier mandat de Réda Hamiani, regroupait des patrons d'entreprise qui, s'ils ne sont plus dans le secteur public, y avaient inéluctablement transité, d'une manière ou d'une autre. Cette catégorie d'hommes d'affaires savait faire la part des choses entre l'interdit et le toléré, de sorte que l'intérêt privé ne soit pas en porte-à-faux avec l'intérêt national. Ce modus vivendi a tenu jusqu'à ce que de jeunes loups viennent investir le nouvel espace économique, promis par l'ouverture à l'économie de marché. La stratégie managériale de ces jeunes entrepreneurs, l'ambition qui les anime et la volonté d'arriver vite au sommet par des théories apprises dans les grandes universités, tout cela aurait déstabilisé les repères des gestionnaires du pays, plus enclins à gérer le social et à niveler, autant que faire se peut, les inégalités salariales par un effort collectif et partagé. À la précipitation des premiers qui voulaient tout, et tout de suite, a répondu la prudence de l'Etat, puissance publique, qui a demandé aux porteurs de ses portefeuilles de se retirer de cette instance qui n'a même pas le statut de syndicat patronal, qui de ce fait ne participe pas aux discussions de la tripartite, même quand il est invité. La goutte, qui aurait fait déborder le vase et poussé à la rupture, est certainement cette phrase du FCE qui a déclaré qu'il n'était pas concerné par les conventions de branches, signées le 1er mai de cette année. Dommage, il y a un peu plus d'une année, le Premier ministre en poste, invité lors de la venue à Alger d'une délégation du patronat japonais, avait déclaré que le FCE composé du patronat public et privé, avait sa place en Algérie et qu'il était incontournable. O. A. [email protected]