D'importants lots de médicaments anti- asthéniques de marque Arginor, fabriqués en Algérie et jugés non conformes, ont été saisis avant-hier par la Direction de contrôle des prix (DCP) de Boumerdès. Celle-ci a alerté toutes les autorités concernées, notamment la direction nationale de contrôle et les responsables locaux de la santé pour que ce médicament soit retiré immédiatement de toutes les pharmacies du pays en attendant les résultats des analyses. Une enquête a été déjà déclenchée et des pharmaciens ont été convoqués par la DCP pour donner les informations sur cette affaire. Le médicament en forme de coffret contenant 20 ampoules autocassables fabriqué par un laboratoire privé algérien établi sur les hauteurs d'Alger présente des substances en forme de cristaux “qui pourraient constituer un danger pour les patients”, a affirmé l'inspectrice principale de la DCP de Boumerdès. Les ampoules dont la date d'expiration est limitée à 2012 et 2013 ne sont pas limpides. Les cristaux qu'elles contiennent ressemblent à des morceaux de verre. C'est un citoyen de la ville de Boumerdès qui a donné l'alerte après avoir acquis le produit chez une pharmacie à Bab Ezzouar. Mais un simple contrôle effectué jeudi par les inspecteurs de la DCP au niveau de la seule ville de Boumerdès a permis la découverte d'autres lots présentant les mêmes défauts. “Ceci explique que le même médicament pourrait être présent partout dans le pays”, affirme un contrôleur qui a mené l'opération de saisie. Selon l'inspectrice de la DCP, le produit est jugé non conforme en raison de son instabilité : “Cela pourrait être un défaut de fabrication et non de conditionnement car les anomalies ont été détectées sur plusieurs boîtes provenant de lots différents fabriqués à des dates différentes mais il faut attendre les résultats des analyses pour tirer des conclusions et avoir une idée sur les risques et le danger qu'il peut présenter”. C'est aussi le même avis donné par le responsable local de la SNAPO, Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine, qui a également indiqué que “cette forme de cristallisation serait certainement liée à un défaut de fabrication au niveau du laboratoire”. Le même responsable s'est interrogé comment ce produit a pu avoir un Certificat de libre vente (CLV) mais aussi et surtout l'aval du Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP). “La mise en circulation sur le marché d'un médicament est subordonnée à l'avis de ces deux organismes”, ajoutera notre interlocuteur qui par ailleurs dit n'avoir pas apprécié la forme d'intervention jugée très énergique des inspecteurs de la DCP pour retirer les boîtes des pharmacies. Nos tentatives pour avoir l'avis du fabricant de ce médicament sont demeurées vaines. L'opératrice nous a dit que le responsable n'est pas dans son bureau. C'est la première fois en Algérie qu'un médicament fabriqué localement est retiré du marché par les services de contrôle des prix et de la qualité. C'est un coup dur non seulement pour les fabricants des produits pharmaceutiques algériens mais aussi pour le laboratoire national (LNCPP) censé assurer le contrôle de la conformité des médicaments. Ce laboratoire qui contrôle plus de 20 000 lots de médicaments a rarement décelé des anomalies sur des produits fabriqués en Algérie. Par ailleurs, on estime que le taux de médicaments non conformes, contrôlés par le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP) est aujourd'hui de 0,01% alors qu'il était de 4% en 1996. Récemment, le Professeur Mansouri, qui est à la tête du laboratoire national de contrôle des produits de pharmacie a affirmé à Tizi Ouzou la création à court terme d'une agence nationale du médicament qui aura pour mission de contrôler les produits et lutter contre la contrefaçon pouvant toucher ce produit sensible.