En 2008, plus de 817 000 nouveau-nés ont été inscrits à l'état civil, contre 144 000 décès durant la même année. Selon les prévisions du ministère de tutelle, le pays dépasse le seuil de un million de naissances en 2015. L'espérance de vie a aussi évolué pour atteindre 75,7 ans. Ce qui sous-entend que la population, estimée actuellement à près de 35 millions de personnes, augmentera sensiblement dans les prochaines années. De “un enfant quand je veux” à “un enfant quand je peux”, se résume la problématique de la contraception et de la stérilité, développée lors du XVIIe congrès de la Société algérienne de la fertilité et de la contraception, qui a eu lieu les 7 et 8 mai derniers à l'hôtel Sheraton d'Alger. Beaucoup de spécialistes, majoritairement des professeurs en gynécologie-obstétrique venus d'Europe, des pays du Maghreb et de l'intérieur de l'Algérie, se sont relayés au pupitre pour faire partager leurs expériences sur l'infertilité des couples et des méthodes existantes pour la contourner, dont l'insémination artificielle et surtout la procréation médicalement assistée ou PMA. Plus d'une dizaine de cliniques privées pratiquent la PMA, avec un taux de réussite appréciable, tandis que l'opération tarde à voir le jour dans le secteur public. Pourtant les travaux d'aménagement d'un centre de PMA au service gynécologie obstétrique de l'hôpital Parnet sont en cours depuis des années. Plusieurs communications sont axées sur les causes de la stérilité comme les anomalies de l'organe de reproduction féminin ou masculin, l'endométriose et aussi sur l'infertilité inexpliquée, c'est-à-dire qui n'a pas de raison d'être au plan physiologique dans le couple. Des professionnels de la santé ont fait, en outre, un tour d'horizon de la contraception. Il s'est avéré que la pilule vient en pole position des méthodes contraceptives, avec plus de 65% d'utilisatrices en Algérie. Justement, deux gynécologues ont fait la promotion de marques de pilules, fabriquées par des laboratoires concurrents. Le Dr. Bettahar, gynécologue exerçant à Strasbourg, a vanté les mérites de Mercilon et Cerazette d'Organon, tandis que le Dr. David Serfaty a présenté la pilule Jasmine, qui sera commercialisée ces jours-ci dans le pays. La Safec a créé, cette année, la Société algérienne de l'HPV, qui a organisé sa première journée scientifique à l'ouverture du congrès de la Société savante mère. L'objectif étant de sensibiliser davantage les autorités compétentes à l'introduction, en Algérie du vaccin contre le human papillomavirus ou HPV, responsable du cancer du col de l'utérus, même si le professeur Bouzekrini M'hamed, président de la Société algérienne de fertilité et contraception (Safec) nous a assuré qu'il n'était nullement dans les velléités des promoteurs de la création de cet organisme de s'en servir comme moyen de pression. Il s'agit surtout de trouver des voies à l'éradication d'une maladie, qui est découverte annuellement chez 3 000 femmes algériennes, qui se croyaient jusqu'alors en bonne santé. “Le cancer du col de l'utérus arrive en deuxième position après celui du sein”, a-t-il été déclaré. “Ce cancer est difficilement traitable puisque 50% des femmes décèdent dans les cinq années qui suivent le traitement.” La raison étant essentiellement le diagnostic établi tardivement. Un véritable malheur pour les femmes atteintes, puisque le cancer utérin évolue très lentement et donc peut être facilement guéri, voire évité par une bonne politique de prévention. “Au début, cette maladie est silencieuse, puisqu'elle ne peut être détectée qu'à travers un diagnostic précoce, et ses symptômes n'apparaissent que tardivement. La vaccination reste la seule protection pouvant immuniser la femme contre les virus à l'origine du cancer du col de l'utérus”, a poursuivi le Pr. Bouzekrini. Ce vaccin quadrivalent, c'est-à-dire qui traite les HPV 16 et 18 responsables de plus de 70% des cancers du col de l'utérus et les HPV 6 et 11 provoquant les condylomes de la région anogénitale prévient également les cancers de la vulve et du vagin qui représentent 6% des cancers féminins. Selon les statistiques de l'OMS, 470 000 cas de cancers du col de l'utérus sont recensés chaque année, dont 90% dans les pays en voie de développement, causant le décès de 230 000 femmes chaque année dans le monde. Le sous-directeur de la population au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a fait un exposé sur la dynamique démographique actuelle en Algérie. Ainsi, il a indiqué qu'un phénomène est en pleine explosion dans le pays, il s'agit du boom des naissances. En 2008, les états civils des APC ont enregistré plus de 817 000 nouveau-nés, contre 144 000 décès durant la même année. Ce qui sous-entend que la population, estimée actuellement à près de 35 millions de personnes, augmentera sensiblement dans les prochaines années. D'autant que selon le cadre du ministère, il est prévu que le pays dépasse le seuil de un million de naissances en 2015. L'espérance de vie a aussi évolué pour atteindre 75,7 ans en 2008, alors qu'elle était de l'ordre de 57,4 au milieu des années 80. Le nombre des femmes en âge de procréation a aussi progressé de 29,2% entre 1998 et 2008. Le nombre des mariages aussi. Pourtant l'âge moyen de la nuptialité a nettement reculé, pour se situer à 33 ans pour les hommes et 29,3 pour les femmes. Paradoxalement, l'indice synthétique de fécondation se stabilise autour de 2,2. En clair, il y a plus de couples qui font des enfants, mais leur nombre par ménage est limité à deux voire trois au maximum.