Résumé : Si El Bachir est impressionné par le récit de Mohamed. Il admire davantage son courage et son honnêteté. Pour cela, il lui propose d'épouser la plus jeune de ses filles, Razika… 39eme partie Mohamed rougit encore ne sachant que répondre. Mais Si El Bachir avait compris. Il reprend : - Ce n'est pas pour cela que tu seras obligé de donner tout de suite une réponse. Si ma fille ne te plaît pas, je n'en ferais pas un drame. Seul le destin décide pour nous, mon fils. Mohamed hoche la tête. - Je ne doute pas de la noblesse de ta famille Si El Bachir et une fille de famille noble ne pourrait être que dotée d'une bonne éducation. Je vais venir prendre ce café, puisque tu pousses ta générosité jusqu'à m'inviter chez toi, et j'espère de tout cœur que je plairais à Razika. Si El Bachir se met à rire. - Avec ta corpulence et ton physique, tu ne risques pas de décevoir une femme. - Sait-on jamais ? - Je vais en parler dès ce soir à ma femme. Je sais qu'elle sera heureuse de te compter parmi les nôtres. Elle va elle-même en parler à sa fille. Mohamed se lève. Il se faisait bien tard et il était fatigué. Demain, une autre journée l'attendait. Une journée de travail certes, mais aussi une journée où une décision très importante doit se prendre. Il prend congé de son compagnon et rentre chez lui. Il se met au lit sans plus attendre mais ne put trouver le sommeil. Il repense encore à Louisa. Razika est-elle aussi belle que cette jeune fille qu'il n'avait jamais cessé d'aimer ? Est-elle aussi attirante ? Des questions se bousculaient dans sa tête. Saura-t-il rendre heureuse la fille de Si El Bachir qui a toujours vécu dans l'opulence ? Certes, grâce à Dieu, il n'est pas pauvre non plus. Il possédait même assez d'argent pour vivre à l'aise pour le restant de ses jours. Mais sait-on jamais ce que ces filles de la nouvelle génération apprécient le plus ? Le sommeil finira par l'emporter au pays des songes alors que l'aube pointait. Il rêva de Louisa. Dans son rêve, cette dernière l'exhortait à prendre femme et à l'oublier. Lorsqu'il se réveille, le soleil était bien haut dans le ciel. Il se hâte de faire sa toilette et de s'habiller avant d'aller rejoindre Ali aux stocks. Vers le milieu de l'après midi, il se rendit au café où Si El Bachir l'attendait. Ils se saluèrent et sans plus attendre, Si El Bachir le précède pour l'emmener chez lui. Mohamed remarque tout de suite l'air jovial mais sérieux de son compagnon. Il comprit que Si El Bachir était content mais tout de même un peu gêné. Cela va de soi d'ailleurs. Marier sa propre fille ne doit pas être chose aisée. D'ailleurs, le jeune homme se rappelle le mariage de ses sœurs et les nombreuses hésitations qui avaient précédé les ultimes décisions. Il garde le silence et se met à suivre à pas mesurés Si El Bachir qui, de temps à autre, se retournait pour lui indiquer le chemin. Le vieil homme habitait un quartier mitoyen à ses magasins. Il avait construit une belle maison de style espagnole, tout en briques rouges et en faïences. Si El Bachir brandit sa canne pour donner deux coups au grand portail en bois massif. Une minute passe avant qu'une vieille femme vienne leur ouvrir. Mohamed remarque qu'elle ne le quittait pas des yeux. - Mohamed, je te présente ma vieille, lance Si El Bachir avec un sourire. Comme d'usage, Mohamed embrasse la vieille femme sur le front et cette dernière lui souhaite la bienvenue. On l'introduit dans une grande pièce qui faisait office de salon et où des matelas et des tapis étaient étalés. Des bouquets de fleurs et de jasmins étaient disposés avec art à travers toute la pièce et dégageaient un parfum printanier. Mohamed est tout de suite happé par cette chaude atmosphère. Il repense à sa maison, et à ses chambres vides. Il avait à peine acheté le nécessaire pour ses besoins quotidiens. Un homme célibataire n'avait pas besoin de grand-chose. Mais ici, dans cette maison bien entretenue, il ressentait plus que jamais le besoin d'avoir une femme auprès de lui pour s'occuper et de la maison et de son confort. Si El Bachir le tire de ses réflexions. - Alors Mohamed, à quoi penses-tu ? - Heu… à rien Si El Bachir. Je me disais, que tu possédais une bien belle maison. - Merci. Mais toi aussi tu possèdes une belle maison dans les quartiers de la haute ville, n'est ce pas ? - Oui, mais elle est à peine meublée. - Qu'à cela ne tienne. Il faut une femme dans cette maison pour la meubler et la décorer. Un homme seul ne saura jamais donner un vrai relief à sa maison. Tout ce que tu vois chez moi est l'œuvre de ma femme et de mes filles. Moi je passe plus de temps dehors dans mes magasins qu'ici dans cette maison. Mais j'avoue que quand je rentre, j'aime bien retrouver cette chaleur qui caractérise la vie familiale. Tu comprendras ça plus tard quand tu seras marié. Y. H. (À suivre)