Résumé : Un travail honnête paye toujours. Les deux jeunes gens ont vite compris la devise et ne semblent pas rechigner à la tâche à la grande satisfaction de Si El Bachir. Mais chaque soir que Dieu fait Mohamed repense encore à Louisa… 37eme partie Chaque soir, rompu de fatigue, le jeune homme s'allongeait sur une natte et se couvrait, non sans avoir eu une pensée pour celle qui avait fait battre son cœur : Louisa. Tous les soirs, il repense à cette belle brune qui aurait pu devenir sa femme si les circonstances l'avaient permis. Un jour peut-être, il ira la retrouver, si toutefois il en aurait le courage. Un jour, peut-être, il se présentera de nouveau chez son père pour demander officiellement sa main et la ramener vivre avec lui en ville. Au fur et à mesure que le temps passait, Mohamed, qui se donnait à fond dans son travail, retrouvait un peu de joie et de sérénité. Il avait demandé à Ali de l'aider à mieux connaître les citadins et leur mentalité. Et en peu de temps, il avait fini par s'intégrer totalement dans cette société dont, il y a peu de temps, il ne connaissait rien. Il avait recompté les pièces d'or qui lui restaient et les billets d'argent et les avait mis à l'abri dans sa maison. Il se dit, que s'il pouvait économiser davantage, dans quelques années, il finira par avoir son propre fonds de commerce et redevenir ce qu'il a toujours été, maître chez lui. 1895 – LE MARIAGE Cinq années passèrent. Mohamed et Ali avaient fini, chacun de son côté, par goûter à la joie d'avoir un travail stable. Ali avait fait reconstruire la maison de ses ancêtres, marié ses sœurs, et maintenant il s'occupait de sa mère. Cette dernière, qui venait de temps à autre faire le ménage pour Mohamed ou lui préparer à manger, avait constaté que ce dernier, malgré son apparence gaie, avait toujours cet air mélancolique qui ne trompait pas. Elle mit cela sur le compte de la nostalgie, mais n'en était pas certaine. Ali la rassura, en lui disant, que son ami, était tout simplement un grand rêveur. Mais au fond il connaissait les véritables raisons. Mohamed lui avait confié son secret. Le secret de son amour pour Louisa. Ali, en ami fidèle, s'était un jour déplacé jusqu'au village de cette dernière pour se renseigner sur cette belle jeune femme qui ne cessait de hanter les nuits de Mohamed. Il en revint bien triste pour son ami. Louisa était déjà mariée et avait émigré avec son mari sous d'autres cieux. Ce fut un coup dur pour Mohamed. Mais comme il s'y attendait un peu, il ne put qu'accepter son sort. Après tout Louisa ne pouvait l'attendre éternellement. Il ne reparla plus jamais d'elle, mais la flamme dans son cœur n'était pas totalement éteinte. Un jour Ali vint le retrouver pour lui annoncer son prochain mariage. - Quoi, tu te maries ? Mais tu es encore un gosse, mon ami. Ali se met à rire. - Hélas, je ne le suis plus. Tu oublies que j'ai près de 21 ans et que ma mère a besoin d'aide à la maison. C'est plutôt toi le vieux garçon, Mohamed. Qu'attends-tu donc pour prendre femme. Le temps passe très vite et tu frôles les 25 ans ! C'était vrai ! Mohamed n'en revenait pas. Cela fait déjà cinq années qu'il vivait en ville. Cinq années depuis qu'il avait quitté son village pour s'aventurer dans la grande cité qui, finalement et malgré ses appréhensions, s'était avérée accueillante. Certes, il a trimé dur. Bien dur. Mais il a bien réussi. Aujourd'hui, il possède une maison, un commerce, et travaille toujours en associé avec Si El Bachir, qui est un homme honnête, juste et sérieux. En fin de compte, il ne lui manquait qu'une épouse. Une femme qui partagera sa vie et lui donnera des enfants. Il se passe une main dans les cheveux et de l'autre se gratte le menton. Signe chez lui d'une profonde concentration. Y. H. (À suivre)