Résumé : Ali surprend Mohamed en lui annonçant son mariage. Ce dernier se rendit compte que le temps est passé et qu'il n'avait pas encore pensé à fonder une famille… 38eme partie Le soir même Si El Bachir se met à rire devant le visage rougissant de Mohamed quand ce dernier lui confia son intention de se marier. - Mais… mais… (Il rit encore ) il n'y a rien de mal à ça, mon fils. Pourquoi ne t'es-tu pas prononcé plus tôt ? Mohamed pousse un long soupir. - C'est une longue histoire Si El Bachir. Une très longue histoire. - Raconte. Je suis prêt à t'écouter jusqu'au bout. - Eh bien je ne sais par où commencer, mais je vais essayer de te raconter tout d'abord les raisons qui m'ont poussé à fuir le village. - Je t'écoute, mon fils. Mohamed se met à narrer son histoire. Il n'omit aucun détail. Il raconte son voyage et les risques qu'il avait encourus. Sa vieille mère qu'il avait transportée sur son dos des jours durant, son arrivée au village où habitait la belle Louisa et son refus de l'épouser parce qu'il ne voulait pas dépendre de qui que ce soit, et surtout parce qu'il ne voulait pas vivre dans un village où il sera toujours considéré comme un étranger. Il raconte alors sa fuite nocturne et sa rencontre avec le marchand ambulant. La fuite de ce dernier et le châtiment qu'il avait reçu. Et enfin, la mort de sa mère et son arrivée en ville. La nuit était bien avancée quand il termine son récit. Si El Bachir, captivé par la bravoure, la maturité et le sang-froid de Mohamed, ne voulait ni l'interrompre ni rentrer chez lui. Il voulait tout connaître sur ce jeune homme qui ne cessait de l'impressionner. À la fin, le vieil homme le regarde dans les yeux pour lui dire : - Mon fils, Tu es bien plus courageux et plus mûr que je ne le pensais. Quiconque à ta place n'aurait pas cherché loin pour épouser la belle Louisa et demeurer dans ce village, où on a été jusqu'à te proposer une totale prise en charge. Mais, je comprends ta fierté. Et cela m'enchante énormément. Certes tu as été un peu naïf, lorsque tu as été retrouvé ce marchand ambulant, car avec un louis d'or tu aurais pu acheter et sa charrette et son cheval. - J'avoue que sur le coup, cette idée ne m'avait même pas effleuré, car mon seul but était de fuir le village, et à n'importe quel prix. Sinon Dieu seul sait ce que j'aurais pu faire. - Et pourquoi n'as-tu pas donc pensé à acheter une maison et un terrain cultivable, que tu aurais pu travailler sans avoir à dépendre de qui que ce soit ? - Ce n'était pas possible, car même avec des biens, je serais toujours considéré comme un étranger dans un village qui n'était pas le mien. Comme il m'était aussi impossible de rester dans mon propre village, car je ne possédais plus rien, et mes ennemis n'auraient fait de moi qu'une bouchée. Si El Bachir hoche la tête d'un air entendu. Ce jeune homme n'était pas bête. Il a toujours vécu libre et à son compte. Il ne se résignera jamais à vivre sous l'égide d'une autorité. La preuve, il n'a voulu travailler avec lui qu'en tant qu'associé ! Et puis maintenant, il possède même son propre commerce. A ce rythme, dans quelques années, il sera bien plus riche que lui. L'homme se met à réfléchir. Mohamed est jeune, beau, intelligent, brave et travailleur. Où ira-t-on dénicher un tel gendre par les temps qui courent, alors que la misère gagnait du terrain et que le plus hardis des commerçants risque de faire faillite du jour au lendemain ? Il pousse un long soupir qui n'échappa pas à Mohamed, avant de lancer : - Je crois que je pourrais t'aider dans ton projet. - Tu veux dire pour me marier ? - Oui. Je ne vais pas faire de longs détours pour te proposer ma propre fille Razika ! De surprise Mohamed demeure bouche bée ! - Ta propre fille ? - Oui. Dieu m'a donné cinq enfants. Deux garçons, que je n'ai plus revus depuis leur départ en France, il y a plus de dix ans, et trois filles. Deux sont mariées et mères de famille. La dernière est âgée tout juste de 15 ans et fera une bonne épouse. Mohamed rougit. Finalement le hasard a tracé pour lui. Est-ce les prières de sa mère qui l'ont jusqu'à présent protégé et mené à bon port ? En tout les cas, il avait réussi là où il ne s'attendait pas, mais pouvait tout de même échouer. La vie réserve parfois des ces surprise ! Il se penche vers Si El Bachir et lui chuchote : - Tu sais bien que je n'ai aucune famille. Je ne sais comment procéder, ni comment venir demander la main d'une fille que je… Il s'étrangla et les mots restèrent dans sa bouche ? Mais Si El Bachir avait compris : - Que tu ne connais pas ? Mohamed hoche la tête. - Si au moins ma mère était encore de ce monde. Elle m'aurait été d'un grand secours aujourd'hui. Si El Bachir le regarde un moment puis se met à rire. - Ce n'est vraiment pas la peine de dramatiser les choses Mohamed. Le monde évolue et notre religion recommande aux futurs fiancés de se rencontrer. - Tu veux dire que je pourrais voir ta fille ? - Bien sûr, mon fils. Après tout tu n'es plus un étranger, ni pour moi, ni pour ma famille qui te connaît bien à travers moi même. Viens donc prendre un café demain après-midi chez moi. Je vais demander à ma femme de nous faire servir par Razika. Ainsi tu pourras la voir. Y. H. (À suivre)