Huit mois après son succès aux législatives, la coalition de la chancelière Angela Merkel a subi dimanche, sur fond d'aide à la Grèce contestée, un camouflet électoral historique qui la met en minorité à la Chambre haute du Parlement allemand et va gêner son action. L'alliance de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière et des libéraux (FDP), qui gouvernent ensemble à Berlin, a perdu la majorité en Rhénanie du Nord-Westphalie (NRW, ouest), l'Etat le plus peuplé d'Allemagne. Outre un désaveu de la coalition au pouvoir à Berlin, ce résultat signifie que Mme Merkel ne peut plus compter sur une majorité au Bundesrat, qui représente les 16 Etats, ce qui va l'obliger à chercher des compromis avec l'opposition social-démocrate (SPD). “C'est un bon jour pour l'Allemagne parce que tous les sondages montrent que les gens voulaient donner un coup d'arrêt à la politique” du gouvernement, s'est réjoui Sigmar Gabriel, président du SPD. Pourtant, avec 34,5%, selon les résultats officiels provisoires mardi à 00H20 GMT, le SPD réalise son le score le plus bas en NRW depuis 50 ans. La CDU a enregistré son plus mauvais résultat en NRW de toute l'histoire de la République fédérale, à 34,6%. Le chef du gouvernement régional sortant, Jürgen Rüttgers (CDU), a évoqué une soirée “amère”, expliquant sa défaite “par les premiers pas du gouvernement à Berlin et la situation difficile en Grèce”. Le FDP, grand vainqueur des législatives de septembre avec le score historique de 14,6% des suffrages, prend une gifle, à 6,7%. “Il ne faut pas tourner autour du pot, nous avons raté notre objectif. C'est un coup de semonce pour les partis au gouvernement”, a déclaré le vice-chancelier et ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle, chef du FDP. Les Verts apparaissent comme les grands vainqueurs avec 12,1% des suffrages, et le parti de la gauche radicale Die Linke entre au Parlement régional avec 5,6% des suffrages. CDU et SPD vont donc devoir négocier des alliances avec des “petits” partis pour gouverner, voire s'allier en une “grande coalition”. Les négociations peuvent durer des jours, voire des semaines. Conservateurs et libéraux ayant perdu la majorité au Bundesrat, les gros chantiers promis durant la campagne de 2009, baisse d'impôts et réforme de la santé notamment, risquent de rester en souffrance au moins jusqu'aux nouvelles échéances régionales en 2011. La crise grecque a joué pour beaucoup dans l'issue du scrutin, deux jours après le déblocage de crédits allemands pour plus de 22 milliards d'euros sur trois ans, auquel la majorité des Allemands sont hostiles. “Les gens étaient très déstabilisés, surtout ces dernières semaines, et rien n'a été fait pour les rassurer”, analysait Barbara Riedmüller, professeur de sciences politiques à l'Université libre de Berlin. Mais la presse soulignait aussi la manque de clarté de la coalition d'Angela Merkel.