Gerhard Schroeder n'a pas mis beaucoup de temps à réagir à la cuisante défaite de son parti dans son propre fief, la Rhénanie Nord Westphalie. Dans une brève apparition à la télévision, il a tiré les conclusions de la déroute historique de son parti et a appelé à la tenue d'élections législatives anticipées dès l'automne prochain, soit une année avant la fin de son mandat. Le visage grave, le chancelier a déclaré : “Pour la poursuite des réformes” de l'Etat-providence, “je considère que l'appui clair de la majorité des Allemands est requis. C'est donc mon devoir et ma responsabilité de faire en sorte que, aussi rapidement que possible, c'est-à-dire de manière réaliste pour l'automne de cette année”, la “voie à une nouvelle élection du Bundestag soit ouverte”. Il s'agit du plus mauvais résultat dans ce scrutin régional pour le SPD depuis 51 ans (34,5% en 1954), a reconnu le président du parti, Franz Müntefering. Les grands bénéficiaires de ce scrutin sont incontestablement les chrétiens démocrates, qui reviennent en force après avoir marqué le pas durant la dernière décennie. “C'est un résultat sensationnel pour la CDU”, s'est empressée de déclarer, dimanche soir, Angela Merkel, la première responsable du parti, tout en se félicitant de l'annonce d'un scrutin national anticipé. Cette défaite affaiblit incontestablement et considérablement la position de Gerhard Schrœder et de ses alliés Verts et compromet les chances d'un troisième mandat du chancelier en 2006. Elle donne des ailes à Angela Merkel, en prévision des élections législatives. Elle ambitionne de devenir alors la première femme chancelier de l'histoire de la République fédérale. Le chômage a miné tous les efforts consentis par les sociaux-démocrates pour remonter la pente sur le plan économique. Il faut dire que sur fond d'un fort taux de chômage, 12,1% de chômeurs, la volonté des électeurs de donner sa chance à l'opposition chrétienne-démocrate après près de 40 ans de règne social-démocrate aura été déterminante. Pour en revenir aux résultats chiffrés, publiés par la commission électorale à l'issue du scrutin dimanche soir, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) recueille 44,8% des voix et son allié libéral (FDP) 6,2%. Le SPD et les Verts subissent une véritable déroute avec seulement 37,1% et 6,2%. Ceci dit, cette élection ne change rien à la majorité absolue dont dispose la coalition SPD-Verts à la chambre basse du Parlement, le Bundestag. Elle ne permet pas non plus à l'opposition d'atteindre la majorité des deux tiers à la chambre haute, le Bundesrat, où sont représentées les régions. Il ne fait cependant aucun doute qu'au plan politique, cette défaite affaiblit incontestablement et considérablement la position de Gerhard Schrœder et de ses alliés Verts. K. A.