De fait, l'intérêt du scrutin d'aujourd'hui se focalise sur les performances des adversaires du CDU et notamment le SPD du chef de la diplomatie allemande. Assurée d'être reconduite sans accroc, la chancelière allemande sortante, Angela Merkel, exclut toute éventualité de coalition avec la gauche radicale (Die Linke). Quoique la donnant vainqueur, les sondages restent cependant assez serrés laissant la porte ouverte à toutes les hypothèses de coalition. Une situation qui pourrait placer plusieurs formations politiques en situation de «faiseur de roi» ce soir, à l'issue des élections du 17e Bundestag (Parlement fédéral allemand). L'Allemagne - première puissance économique européenne et actuellement troisième mondialement, fonce droit pour déclasser le Japon afin de talonner de près les Etats- Unis - s'apprête à renouveler sa chambre basse. Ce scrutin intervient à la veille de la célébration du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin, un évènement qui a provoqué la réunification des deux Allemagnes, une année plus tard, soit le 3 octobre 1990. En effet, les Allemands sont appelés aujourd'hui, comme tous les quatre ans, à élire leurs députés au Bundestag. La bataille s'annonce rude et très serrée de par le faible écart des intentions de vote d'une part et des quelque 10% d'électeurs toujours indécis à la veille de l'entame des élections. Sur fond de bataille idéologique (gauche/droite), la classe politique allemande composée essentiellement de cinq formations politiques - l'Alliance conservateurs/chrétiens (CDU/CSU), libéraux du FDP, sociaux démocrates du SPD, les Verts et la gauche radicale (Die Linke) - se dispute les sièges du 17e Bundestag, dans une conjoncture relativement particulière, à l'ère de la mondialisation rongée par une crise financière sans précédent. En somme, une conjoncture marquée par des bilans mitigés sur le plan politico-économique vingt ans après la chute du mur de Berlin qui marqua la fin de la guerre froide. Si en 2005, le pragmatisme allemand a pris le pas sur l'idéologie, et l'intérêt général sur les desseins politiques, ce n'est plus le cas cette fois-ci. Se dirige-t-on vers un retour de la gauche allemande, nostalgique et adepte des acquis et autres avantages sociaux de l'ex-RDA, ou plutôt vers la confirmation de la droite guidée par les conservateurs chrétiens et soutenue par les libéraux? La gauche allemande peut éventuellement triompher, mais sans avoir la majorité lui permettant de gouverner, faute d'accord sur une coalition avec la gauche radicale. L'union des forces de gauche (SPD, Verts, Die Linke) étant pratiquement impossible dans l'Allemagne de 2009, exclut de fait toute éventualité de coalition. D'autant plus que la chancelière sortante, Angela Merkel, est quasiment assurée d'être reconduite dans ses fonctions pour un deuxième mandat consécutif. A la veille de ces élections, le SPD du chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, est remonté sensiblement dans les sondages et brouille de fait, toutes les cartes d'une coalition conservateurs/libéraux (CDU/CSU-FDP). «Les Allemands ne sont pas près d'accueillir une coalition avec les libéraux, les libéraux sont les seuls responsables de la crise financière qui ronge l'humanité, nous sommes prêts à une coalition avec la gauche, les Verts notamment, mais pas forcément avec la gauche radicale», laisse entendre dans ses meetings, Frank-Walter Steinmeier, le chef de file des sociaux démocrates. En somme, une déclaration à l'intention de l'électorat allemand d'une part et un clin d'oeil aux conservateurs du CDU. Toutefois, en affichant une stabilité autour de 13% d'intentions de vote, les libéraux peuvent faire pencher la balance politique d'un côté comme de l'autre. En effet, les libéraux qui étaient les principaux «faiseurs de roi» pendant près de cinquante ans, sont dans l'opposition depuis 11 ans, laissant place à la coalition conservateurs- sociaux démocrates. Ils rêvent aujourd'hui de revenir au pouvoir en appelant à une alliance avec le CDU/CSU, une manière de se replacer et de tirer le tapis sous les pieds des sociaux démocrates. «Parce que le programme des socialistes et des Verts conduit à une mauvaise politique, on s'oppose à leur volonté de se faire ou de se créer une majorité», affirme pour sa part le président du FDP, Guido Westerwelle. Par ailleurs, les conservateurs qui maintiennent leur avance dans les intentions de vote, avec près de dix points d'avance sur le SPD, ont axé toute leur campagne électorale essentiellement sur la personne de la chancelière sortante, Angela Merkel, qui bénéficie d'une forte popularité acquise par son talent de négociatrice au niveau international. Si l'actuelle chancelière n'arrive pas à rassembler toutes les voix de centre gauche, elle sera dans l'obligation de reconduire la coalition avec la gauche. En somme, une situation d'incertitude qui a placé le CDU dans une position inconfortable qui l'oblige à ménager les uns et les autres en perspective d'une coalition qui s'annonce incontournable. La gauche allemande accréditée de 10% des intentions de vote, bénéficiant d'un soutien de l'aile gauche des sociaux démocrates, pourrait être la surprise de ce scrutin si on se réfère aux 30% des voix récoltées lors des dernières élections régionales du 30 août dernier. Quant aux Verts, dont les sondages restent stables autour de 12%, ils maintiennent leur courbe ascendante, et peuvent de ce fait, se présenter aussi comme arbitre de l'issue des élections au même titre que les libéraux qui affichent leurs intentions de reprendre leur statut.