C'est mercredi dernier, sous une khaïma, installée sur la grande terrasse du Palais des Raïs, communément appelé Bastion 23, qu'a eu lieu le coup de d'envoi du 1er Festival national de la création féminine qui s'étalera jusqu'au 18 mai 2010. Créé en février 2009 par le ministère de la Culture, ce festival vient allonger la liste des différents festivals, nationaux et internationaux, institutionnalisés en Algérie, portant le nombre à 119. Comme les métiers relatifs à la création sont nombreux, le comité d'organisation a porté son choix sur le tissage. Un métier millénaire, très connu en Algérie. C'est un art plus qu'ancestral. Il est pratiqué et maîtrisé par les femmes algériennes, surtout celles issues du milieu rural. Durant leur allocution d'ouverture, la commissaire dudit festival, Mme Agsous, et la ministre de la Culture, Mme Toumi, ont été unanimes à affirmer à l'assistance, composée de représentants du gouvernement, du corps diplomatique accrédité à Alger, ainsi que de grandes figures du paysage médiatique et culturel algérien, qu'à travers ce 1er Festival de la création féminine, c'est une manière de valoriser le travail de tissage et comprendre aussi toute forme de création en relation directe ou indirecte avec ce métier. Car, selon les deux oratrices, la femme tisseuse n'a pas encore obtenu la mise en relief, en valeur de son travail. Au programme de cette inauguration, un circuit artistique dans les trois différents palais : 18, 23 et 17. Des expositions, toutes différentes et plus attrayantes l'une que l'autre. C'est un voyage à travers cet art qui est offert aux visiteurs. Au Palais 18, ils peuvent [re]découvrir les différents outils qui servent au tissage, des métiers à tisser, voire des tisseuses à l'œuvre et, cerise sur le gâteau, des ouvrages et autres travaux portant sur l'art du tissage. Au Palais 23 : différents objets tissés, de différentes créatrices. On peut y admirer burnous, tapis avec leur splendeur et autres habits à base de laine, de mouton, de chameau et même en soie. Des créatrices venues de cette Algérie profonde exposent leurs travaux. Quant au Palais 17, c'est une autre vision, le tissage via le design. Deux jeunes designers montrent au public comment on peut allier art ancestral et art moderne. Plus qu'une perspective, c'est un art qui prend de l'ampleur, voire un ancrage. À l'issue de ce festival, tous les objets exposés seront mis à la vente. Et pour clôturer cette journée d'inauguration, un concert andalou a été animé par la grande chanteuse, qui n'est plus à présenter, à la voix chaude et profonde : Beihdja Rahal. Beaucoup reste à faire pour valoriser la création féminine qui a déjà fait ses preuves en tant qu'artiste et créatrice. Le génie créateur des tisseuses a été – et l'est toujours – une source d'inspiration à la nouvelle génération, qui fait le mix entre l'ancien et le nouveau.