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Paradoxe
Publié dans Liberté le 17 - 05 - 2010

Trop d'argent qui circule en si peu de temps aiguise des appétits jamais rassasiés et encourage l'érection de cercles à durée cyclique, le temps de la présence à la prise de décision.
Sortir de cette impasse ensorceleuse où nous accule le robinet du pétrole, tourné sans répit vers l'extérieur, et qui nous maintient dans un état de léthargie permanent, devient un casse-tête récurrent pour certains, et qui paradoxalement constitue un répit providentiel pour nos gouvernants depuis l'Indépendance.
Richesse inestimable les premières années, surtout depuis sa nationalisation, cet atout devient à la longue une malédiction qui freine toutes les autres énergies créatrices toutes aussi vitales dans les autres secteurs. Rien n'y fait. Le pétrole, qui caracole sur les marchés, permet de lancer de grands projets, à la hâte, susceptibles, à moindre coût, d'amasser des fortunes personnelles par le seul pouvoir de décision. Des exemples, il y a d'abord ceux qui sont remontés à la surface. Le mirobolant marché de l'autoroute Est-Ouest estimé à des milliards de dollars, ensuite la manne quotidienne que permet Sonatrach à ses dirigeants. Trop d'argent qui circule en si peu de temps aiguise des appétits jamais rassasiés et encourage l'érection de cercles à durée cyclique, le temps de la présence à la prise de décision.
C'est ce que développe l'ancien Chef du gouvernement dans son approche sur la richesse et le pouvoir, dans son style de pédagogue et avec une démarche argumentée et concise. Malheureusement sa thèse, plusieurs fois présentée, ne semble pas recueillir les échos nécessaires pour redresser la barre de navigation. Le temps lui a donné raison avec cette avalanche de cas présumés de malversations et de corruption.
Autre élément développé par le conférencier, a priori naturel du fait de la diligence à l'enrichissement, c'est celui du désintérêt affiché pour le renforcement des instruments de contrôle à tous les niveaux ; à commencer par ceux que devait s'approprier le Parlement.
Le rôle et la stabilité de l'Etat, dans son ensemble et à tous les échelons, se retrouvent, par le fait d'une concentration exagérée du pouvoir, écorchés, voire ébréchés.
Cette situation pénible pour les citoyens et pour les gestionnaires élus ou nommés débouche, on le voit, sur des révoltes et des grèves pour les premiers et un refus déguisé de travail pour les seconds.
Le manque de visibilité qui engendre des décisions draconiennes pour ne pas reconnaître ses erreurs et le manque de traçabilité des actions entreprises font le bonheur d'une minorité et le malheur de la majorité.
O. A.
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