Les deux pays intensifient leurs campagnes auprès des membres du Conseil de sécurité tentant de les convaincre du bien-fondé de leur position. Les Etats-Unis ont redit vouloir «dès que possible» une résolution contre l'Iran au Conseil de sécurité de l'ONU, dont les membres font l'objet de toutes les attentions de Téhéran et Washington. «Nous sommes engagés à New York (où se trouve le siège de l'ONU) dans différents groupes pour nous accorder sur les détails d'une résolution et nous voulons que cela soit fait dès que possible», a déclaré Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton avait rencontré lundi son équipe de conseillers sur l'Iran. Elle a multiplié ce week-end les entretiens téléphoniques à ce sujet avec des dirigeants étrangers, dont son homologue russe Sergueï Lavrov. La lutte d'influence entre Washington et Téhéran au Conseil de sécurité des Nations unies s'est accélérée au même moment. L'Ouganda, actuellement membre temporaire du Conseil de sécurité, a reçu samedi la visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad. D'après une source américaine, Mme Clinton a appelé au même moment le président ougandais Yoweri Museveni. M.Museveni, questionné par la presse samedi sur la position de son pays dans la controverse, a refusé de se prononcer. Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, s'est rendu de son côté lundi à Téhéran. Il y a réaffirmé le soutien de son pays au droit de l'Iran aux technologies nucléaires civiles «pacifiques». Le Brésil est, lui aussi, membre temporaire du Conseil de sécurité. Selon les médias, le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, se trouvait lundi en Bosnie-Herzégovine. M.Ahmadinejad s'est rendu au Brésil et au Gabon avant l'Ouganda, et le chef des négociateurs nucléaires iraniens, Saïd Jalili, est allé au Japon. Les Etats-Unis, quant à eux, disent ne pas craindre un ralentissement des débats au Conseil en mai, quand le Liban -hostile aux sanctions- prendra la présidence du Conseil. Un diplomate américain, parlant sous couvert de l'anonymat, a relativisé l'importance de l'attitude de Beyrouth, en soulignant le poids des cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Russie) dans l'établissement de l'ordre du jour de cet organe. «Je n'exclurais pas qu'une résolution soit mise sur la table en mai», a dit ce responsable. La majorité au Conseil est de neuf voix sur quinze, mais Washington souhaite dépasser celle-ci pour envoyer à l'Iran un message d'unité de la communauté internationale. Tandis que le Brésil, comme la Turquie et surtout la Chine, continuent de prôner le dialogue avec la République islamique, Washington a fait peu de cas lundi de la rencontre, la veille à Vienne, entre M.Mottaki et le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), Yukiya Amano. Le gouvernement iranien «fait le tour du monde pour essayer d'échapper à ses responsabilités», mais «les pays sont très conscients du fait que l'Iran ne respecte pas ses obligations» au regard du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), a assuré une source américaine. Les Etats-Unis et les Européens accusent l'Iran de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, un projet démenti par Téhéran qui qualifie de «sataniques» ces allégations. Les efforts des Occidentaux sont soutenus de plus en plus clairement par la Russie. Quant à la Chine, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton doit s'y rendre aujourd'hui, avec l'espoir de convaincre Pékin, encore réticent, d'accepter les sanctions.