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L'humiliation
La nouvelle de Adila Katia
Publié dans Liberté le 25 - 05 - 2010

Résumé : Abdelghani passe une douce nuit à rêver de la jeune fille. Il songe au mariage pour la première fois de sa vie. Il se rend à son travail, heureux, comme jamais. Sa vision des choses a complètement changé depuis qu'il a croisé sa route…
5eme partie
Abdelghani ne se rend pas à son travail en voiture. Il part à pied, s'arrêtant en chemin pour acheter des croissants. Il se fera un café au bureau. Avant de monter, il passe chez le buraliste où il prend les quotidiens du matin. (Cette histoire a lieu en 1991). Regardant distraitement les titres de une, tout en se rendant au deuxième étage où il a son cabinet, il ne remarque pas tout de suite que quelqu'un attend dans le couloir. La personne lui tourne le dos. Abdelghani pense à un malade qui veut se dégourdir les jambes, mais ce n'est pas le cas.
- Bonjour !
Abdelghani ouvrait la porte, et au son de la voix de velours, il se tourne d'un coup. Wissam est là.
- Bon… bonjour, bredouille-t-il. Qu'est-ce que vous faites là ?
- Vous n'attendiez pas une secrétaire ? l'interroge-t-elle.
- Si… Oh ! Wissam, soupire Abdelghani. C'est le plus beau jour de ma vie.
Les yeux marrons brillent de joie et de surprise et éclairent son visage. Abdelghani est heureux. Jamais il ne l'a été autant dans sa vie. La femme dont il a rêvé toute la nuit est ici devant lui. Et c'est la secrétaire qu'il attendait.
- Pour une surprise, c'en est une ! s'exclame-t-il en l'invitant à passer avant lui.
- En effet, reconnaît-elle en souriant, tout en jetant un regard circulaire dans les bureaux. Moi-même, je ne m'attendais pas à vous revoir de sitôt !
- Le destin a bien fait ! Enfin, il n'aurait pu mieux faire, dit Abdelghani. Me voilà comblé pour mes cinquante ans !
- C'est votre anniversaire ? l'interroge-t-elle.
- Hier, répond-il. Mais, c'est aujourd'hui que je me sens renaître.
- Parce que vous avez une nouvelle secrétaire ? émet-elle.
- Parce que vous êtes la seule à avoir pu entrer dans mon cœur, murmure Abdelghani. Vous allez encore dire que c'est exagéré, précipité…, mais je vous aime. Je ne vous veux pas pour secrétaire mais pour femme ! Acceptez-vous ?
Wissam ouvre la bouche mais ne trouve que répondre. Elle ne peut pas lui dire oui parce que c'est trop tôt et elle ne veut pas lui dire non. Car elle sait qu'il est sincère et que son amour est vrai. Jamais elle n'a été regardée aussi chaleureusement. Il y a presque comme de l'adoration dans son regard.
- Comment accepter alors que nous ne connaissons pas ? murmure-t-elle. Peut-être que la différence dans nos goûts sera telle que nous ne pourrons rien envisager ensemble ? Que j'ai des défauts !
- Je vous prends avec vos défauts Wissam.
- C'est trop tôt. Je répondrai plus tard. Alors, dit-elle, que dois-je faire ? Dois-je seulement servir de standardiste ? Vous préparez les informations que vous avez pour l'analyse du dossier ?
- Vous ne feriez rien de tout cela, répond Abdelghani. Je ne veux pas de vous pour secrétaire, lui répète-t-il. Je veux vous revoir ailleurs qu'ici !
- Mais je suis venue pour cet emploi ! s'écrie wissam en pâlissant. J'ai dû faire des mains et des pieds pour le dénicher pour être recommandée ! Vous ne pouvez pas me renvoyer comme ça ! J'ai dépensé mes dernières économies pour être présentable ! Vous seriez méchant de me renvoyer !
A. K.
(À suivre)


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