Force est de souligner que l'Etat décline le nouveau programme quinquennal sans qu'aucun bilan officiel de l'exécution du précédent ne soit présenté aux contribuables. À telle enseigne qu'on peut légitimement se demander où ira l'argent du second plan Marshall. L'Algérie maintient le rythme de ses investissements publics, en contexte de crise de la dette en Europe. Tel est le premier constat à l'annonce des grandes lignes du plan quinquennal 2010-2014. L'enveloppe est de nouveau considérable : 286 milliards de dollars. En fait, plus exactement 156 milliards de dollars pour les projets neufs, le restant, énorme, est alloué à l'achèvement des infrastructures en cours de réalisation ou non encore lancées relevant du plan quinquennal 2005-2009 et à couvrir les réévaluations dues au non-respect des délais et à des dépenses pour travaux non prévues par les études. Le coût de ces restes à réaliser, un indice, de la maîtrise insuffisante des dépenses publiques, est occulté, comme à l'accoutumée par le communiqué rendu public à l'issue du Conseil des ministres. Force est de souligner que l'Etat décline le nouveau programme quinquennal sans qu'aucun bilan officiel de l'exécution du précédent ne soit présenté aux contribuables. À telle enseigne qu'on peut légitimement se demander où ira l'argent du second plan Marshall. Les effets du scandale de l'autoroute Est-Ouest restent sensibles. L'opinion publique reste dubitative, d'autant que les instruments de contrôle prévus par le législateur sont aujourd'hui gelés, paralysés ou non encore opérationnels : Cour des comptes, IGF, Cellule de renseignement financier, Organe de prévention et de lutte contre la corruption. Enfin, les pouvoirs publics ne semblent pas tenir compte des analyses, observations et avis des experts nationaux. En effet, la ventilation des dépenses prévues par le second plan quinquennal montre que les investissements en matière de développement des ressources humaines, en matière de recherche et de développement, les transferts technologiques, la mise à niveau des entreprises privées, la diversification de l'économie, en un mot les sources du véritable développement durable du pays n'accaparent guère la part du lion. Du coup, cette orientation des investissements publics fait peser le risque de difficultés graves à financer à moyen et long terme le budget de l'Etat, devenu très élastique ces dernières années, et à assurer la continuité des investissements publics, en cas de retournement du marché pétrolier.