“D'une façon générale, le premier test du nouveau dispositif a donné de bons résultats.” C'est du moins ce qu'a indiqué, hier à Alger, Mme Hassiba Mokraoui, directrice générale de l'Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière, même si elle reconnaît que “c'est encore prématuré de tirer un bilan réellement exhaustif”. Cependant au vu des chiffres communiqués, le marché semble avoir bien réagi au nouveau cadre juridique basé sur la concession, à travers les enchères publiques restreintes comme unique moyen pour disposer d'un actif destiné à la réalisation d'un projet industriel. Alors que les chefs d'entreprise ont, à maintes reprises, critiqué les nouvelles dispositions régissant l'accès au foncier industriel, estimant qu'elles ne régleront pas le problème du foncier si elles doivent conduire à la concession des assiettes foncières à des prix élevés. Entre octobre 2009 et mars 2010, l'Aniref a réalisé 15 opérations de mise en concession. Sur 56 actifs proposés, 44 ont été concédés, soit un taux de réalisation d'environ 70%. Les mises en concession ont touché 13 wilayas. Il y a eu 709 cahiers des charges retirés. 217 opérateurs y ont soumissionné. “Ce qui prouve que les opérateurs économiques se sont approprié le nouveau dispositif”, souligne la directrice générale de l'Aniref. Le montant des investissements déclarés est estimé à 8,6 milliards de dinars qui pourront générer 3 554 emplois. En matière de profit des investisseurs, les ASRL ou EURL constituent 61 des bénéficiaires, 30% sont des personnes physiques et 9% des sociétés par actions. En matière de portefeuille de projets, même s'il est diversifié, l'industrie des matériaux de construction représentent 41% avec 18 projets déclarés, suivie par les industries agroalimentaires (14%), les industries de la métallurgie (11%), les industries manufacturières et diverses (9%), l'industrie mécanique (9%), les industries de fabrication de produits électriques (7%). La moyenne nationale du prix du foncier industriel est de 400 DA/m2, tout en précisant que le prix des actifs varie d'une région à une autre. En moyenne, les annuités, les propositions des bénéficiaires représentent deux fois et demi (2,5) les mises enchères. Ce sont les prix des actifs implantés dans la wilaya d'Alger qui faussent les tendances et empêchent une analyse claire du marché national du foncier, regrette Mme Mokraoui, expliquant que la mise à prix du m2 dans la capitale dépasse les 1 000 DA, alors qu'elle est d'environ 80 DA dans certaines régions de l'intérieur du pays. Du coup, il est impératif d'encourager les porteurs de projets à s'installer dans les régions intérieures du pays en leur proposant notamment des avantages tels que des abattements sur les prix du foncier industriel et l'exonération d'impôts. Dans tous les cas de figure, le désenclavement que connaissent les régions intérieures notamment avec le développement des infrastructures routières et ferroviaires et la création, à l'avenir, de nouveaux aéroports et ports constituent autant d'atouts pour attirer les opérateurs d'y investir. Ce qui est intéressant dans la démarche de l'Aniref, c'est la mise en place d'un observatoire en matière de foncier industriel, mais aussi une mercuriale des prix permettant aux opérateurs de se situer et aux pouvoirs publics de suivre le marché du foncier industriel. “L'investisseur a besoin de lisibilité. Il ne peut pas naviguer dans le flou. Maintenant, les choses sont claires. Il clique sur aniref.dz, il a toute l'information sur les disponibilités foncières. Il n'a pas besoin de connaître quelqu'un à l'Aniref ou un wali pour voir qu'est-ce qu'il y a de disponible. Il a aussi la mercuriale des prix lui permettant de se situer et l'aider à prendre la décision pour son business plan et enfin les procédures sont claires”, souligne la directrice générale de l'Aniref. Pour mieux informer les investisseurs, l'agence a relooké son site Internet interactif qui sera opérationnel début juin, en introduisant plus d'interactivité. Pour augmenter l'offre foncière, et peut-être agir sur les prix, l'Aniref a fait des suggestions, sur la base de propositions de wali, de sites pour développer des zones industrielles. En tout état de cause, devant l'engouement manifesté par les investisseurs, l'Aniref est passée de trois enchères publiques par mois à cinq actuellement. 63 actifs sont proposés aux enchères durant le 2e trimestre 2010. La directrice de l'Aniref a, par ailleurs, annoncé l'organisation, le 9 juin prochain, d'une rencontre, à la résidence Djenane El-Mithaq, sur le foncier industriel.