Parmi les divergences qui ont marqué le congrès de l'AMDH, la question du Sahara occidental a occupé une bonne place, au point qu'elle a provoqué une véritable scission au sein de cette association, comme en témoigne le boycott d'une partie des travaux par les représentants du parti Ennahdj Adimokrati, qui ont clairement soutenu l'option du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Selon les comptes rendus de la presse marocaine et internationale des travaux du neuvième congrès de l'association marocaine des droits de l'homme (AMDH), qui a permis la réélection de Mme Khadija Riyadi à la présidence, les participants ont trouvé du mal à s'entendre sur un certain nombre de sujets, notamment la question du Sahara occidental. Il faut croire que le différend était sérieux sur l'avenir de ce territoire annexé, rappelons-le, en novembre par le Maroc suite au retrait de l'ancienne puissance colonisatrice qu'était l'Espagne. Ainsi, on apprend que les représentants du parti Ennahdj Adimokrati, considéré comme un parti de gauche radical au Maroc, et particulièrement connu pour son soutien au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, ont proposé que cette option figure parmi les résolutions du congrès. Cela a provoqué une levée de boucliers des membres du parti Attaliaâ et du Parti socialiste unifié, qui ont réaffirmé avec force leur attachement à la thèse officielle du makhzen qu'est la proposition d'autonomie. Le clash entre les deux partis s'est achevé par un retrait des travaux des délégués du parti Attaliaâ et du Parti socialiste unifié, qui ont reproché à des membres de l'AMDH de cautionner le deux poids, deux mesures dans les violations des droits de l'homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf. Ils ont également refusé de présenter des candidats à la commission administrative, qui désigne les membres du bureau central de l'AMDH. À en croire une source proche de ces deux formations politiques, la présidence des travaux du congrès a refusé d'ouvrir le débat sur les points de divergence et de les trancher. Ces questions chaudes seront à l'ordre du jour de la prochaine réunion de la commission administrative de l'association, prévue en juillet prochain. Cette décision serait motivée par le souci d'empêcher le courant favorable à l'autodétermination du peuple sahraoui, devenu important au sein de l'AMDH, d'influer sur les décisions. Dans cet ordre d'idées, des défenseurs sahraouis des droits de l'homme ont assisté aux travaux du congrès, mais ils ont tenu à souligner que leur présence était en qualité d'étrangers et non de Marocains. Il s'avère donc qu'au Maroc, le plan d'autonomie, préconisé par le makhzen pour régler le conflit du Sahara occidental, est loin de faire l'unanimité, comme aime à le faire croire la communication officielle marocaine. À noter que le nouveau bureau central organisera une conférence de presse, demain à Rabat, pour rendre publiques les conclusions du congrès de l'AMDH.