C'est la première fois que les œuvres d'un artiste français sont exposées en Algérie dans une rétrospective qui lui est dédiée. Une exposition et pas des moindres se tient, depuis hier, au Musée national d'art moderne et contemporain (Mama). Lors du vernissage, qui a eu lieu avant-hier en ce lieu des arts plastiques, les convives ont pu admirer les œuvres d'un artiste à la réputation internationale. C'est d'Olivier Debré qu'il s'agit. Un peintre français qui demeure l'un des plus grands artistes du vingtième siècle, léguant au monde des arts plastiques une œuvre riche. Et c'est une première en Algérie. Car, depuis l'Indépendance, c'est la première fois que les œuvres d'un artiste français sont exposées en Algérie, dans une rétrospective qui lui est dédiée, jusqu'au 25 août prochain. Une exposition organisée conjointement par le ministère de la Culture et le Service de coopération de l'action culturelle de l'ambassade de France à Alger. À cet effet, Mohamed Djehiche, directeur du Mama, dira : “Cette exposition entre dans le cadre des missions du musée. À travers elle, on voulait montrer au public algérien les artistes universels d'art moderne, montrer ce qu'il y a de plus beau, de plus révélateur.” Occupant les trois niveaux du musée, cette exposition — venant en grande partie de la galerie parisienne Louis Carré & Cie — s'articule autour de dates et/ou étapes de la vie d'Olivier Debré. Le thème principal est le signe. Le signe dans la vie, sa présence et son importance. La découverte, ou plutôt la visite picturale, débute par l'atrium. Dans un premier temps, des photographies réalisées par Marc Deville montrant Debré à l'œuvre, peignant le rideau de scène de l'opéra de Shanghai, en 1998. Ensuite, on pénètre dans un monde entre le réel et l'au-delà. Plusieurs toiles sont accrochées. Réalisées avec de l'encre de Chine (hormis deux), elles abordent toutes un seul et unique thème : la mort. D'ailleurs, le visiteur est tout de suite happé dans une atmosphère “morbide”, voire lugubre, mais fascinante par l'exécution. On décèle la maîtrise et la contenance. Dans cette partie, c'est la révélation, la naissance du signe. Direction ensuite le rez-de-chaussée. Des toiles ornent les murs blancs du Mama. Même procédé : des haltes. Deux précisément. Dans la première, “l'être dans le signe”, 1953-1958, le regard se pose sur des tableaux (huile sur toile) où des couches de couleurs – pour la plupart ternes, rappelant pour certaine les couleurs froides de la terre, de l'hiver – se superposent, formant ainsi de petites surfaces inégales. Plus loin, la seconde zone, celle dédiée au “Signe paysage” : signe, espace et couleur, 1959-1985. Les tons changent. Des mélanges. Les toiles sont plus diaprées que les précédentes. Du bleu, du violet… Même le détail est plus en évidence. Ce signe dénote par sa couleur autre que celle qui sert de fond de toile, soit par son emplacement. Des statuettes en bronze réalisées par Debré sont placées ça et là tout le long de l'itinéraire de cette partie. Ces sculptures représentent des personnages. Tels des guides, ils montrent le chemin à suivre. À savoir le reste de l'exposition au 1er étage. Même principe qu'au rez-de-chaussée. Des toiles, des sculptures. Sauf que là, c'est l'éclatement et des formats et/ou formes, des couleurs, du pastel, de tons chauds et vifs. Le signe est plus que présent. Une rétrospective plastique d'un artiste au talent avéré. Un style particulier. Des couleurs fortes et intenses.