L'épreuve du baccalauréat revêt un cachet particulier et une importance primordiale. En Algérie, le bac est un grand événement qui ne passe pas inaperçu même au sein des familles qui n'ont aucun candidat. Décrocher le fameux bac et faire des études universitaires, c'est plus qu'un grand rêve. C'est presque un défi que toute la famille est prête à tout faire pour relever. À force d'y accorder un grand intérêt, il a fini par s'apparenter à un véritable phénomène de société. Le bac n'a été point ébranlé par les changements et autres évolutions (notamment celle des mentalités et des mœurs) de la société. Rien, absolument rien n'est venu détrôner ou entacher la prestigieuse réputation du baccalauréat. Les éternelles formules : “Il a eu son bac” ; “je fais des études universitaires” ou encore “c'est sa dernière année à la fac” sont devenues plus qu'une pointe de fierté pour les bacheliers et leurs parents. Faire des études supérieures est perçu comme étant le seul moyen de se frayer une place au milieu de la classe intellectuelle de la famille et de la société. Une place que de nombreux parents n'ont pu s'offrir et qu'ils tentent d'arracher via leurs progénitures. La pression de leurs parents que subissent les candidats à longueur de leur cursus scolaire explique en grande partie l'angoisse et le stress qui s'emparent des enfants avant même d'accéder en classe d'examen. Promettre monts et merveilles à ses enfants en contrepartie de la réussite scolaire est le leitmotiv de tous les foyers algériens, dès leur premier contact avec l'école. Questions : pourquoi autant d'acharnement pour décrocher le bac ? Le bac serait-il la seule clé d'un avenir radieux ? Sociologues et enseignants à qui nous avons posé ces questions soutiennent à l'unanimité que les parents sont derrière “la vénération” du bac. “Les parents qui n'ont pas eu la chance de faire des études universitaires perçoivent la réussite scolaire de leurs progénitures comme étant leur propre consécration. La fierté d'avoir enfanté, un médecin par exemple, n'a d'égale que le regret d'avoir raté ses études”, explique un professeur en sociologie. Et d'ajouter : “Les parents qui ont eu une vie difficile en raison de leur situation sociale tentent d'en épargner leurs enfants et les poussent à s'armer de diplômes.” Ce qui est vrai surtout pour la fille dont la maman, qui a vécu l'enfer, lui bourre le crâne de l'importance, voire l'obligation de réussir ses études. La fille algérienne en générale a été bercée depuis son jeune âge par l'éternel refrain : “Les études sont ton unique arme contre la vie et les hommes.” D'ailleurs le temps a fini par donner raison aux parents et c'est tant mieux pour les filles qui dament le pion aux garçons. Des enseignants trouvent, de leur côté, “inconcevable que des parents diplômés comptent un cancre parmi la famille. C'est incompatible. J'ai toujours dit à mes enfants que ma réussite ne valait rien sans la leur.” Et pour la famille algérienne, la seule et véritable réussite est celle qui passe par le bac et des études supérieures. L'acharnement des parents est tel que les enfants finissent par s'accrocher aux études rien que pour faire plaisir aux parents. Posez la question à n'importe quel candidat et il vous dira : “Le bac est le meilleur, voire le seul cadeau qu'espèrent mes parents.” Pourtant, c'est loin d'être la seule clé d'un bel avenir. Nombreux sont ceux qui ont réussi sans avoir empoché le bac. Les exemples sont légion autour de tout un chacun. Prestige quand tu nous tiens.