La Foire d'Alger a atteint aujourd'hui l'âge de la maturité et joue dans la cour des grands. On ne lui pardonnera plus rien. Elle est respectée, certes, mais, épiée par tous. Tout ce qui pourrait y être dit ou fait peut se retourner contre elle. C'est le prix de toute indépendance, voire souveraineté économique. Il faut juste savoir assumer et garantir ses choix. La LFC n'est pas un coup de bluff Sous le thème, “Algérie : des opportunités de partenariat stratégiques'', ce rendez-vous annuel correspond, en ce printemps 2010, à un grand et indispensable besoin de se réunir entre acteurs internationaux du monde de l'industrie, des services et de l'économie. Depuis l'édition précédente à ce jour, de l'eau a coulé sous les ponts. Il y eut, en effet, la loi de finances complémentaire 2009 qui est venue donner un énergique coup de pied dans la fourmilière. Suite à quoi, bien des langues s'étaient déliées, aussi bien chez nous que de l'autre côté de la rive. Comme pour battre le fer tant qu'il était encore chaud, la loi de finances 2010 est intervenue à son tour pour conforter la même stratégie de gestion des ressources nationales. Il est vrai qu'au niveau local, en matière d'importation, les effets collatéraux ont été ressentis et même lourdement répercutés sur les prix des divers produits importés. Mais, concrètement, en termes d'intérêt pour le marché algérien, rien n'a changé. L'engouement est le même et ils sont tous là en quête de quelques miettes à ramasser. En affaires, il n'y a point de place aux sentiments. Hier encore, l'heure était à la critique infondée… à la limite du chantage. La quasi-totalité des partenaires étrangers menaçaient de retourner chez eux si l'on ne faisait pas marche arrière en matière de nouvelles législations et procédures fiscales contenues dans la LFC 2009. Croyant d'abord à un coup de bluff, ils ont vainement attendu la loi de finances 2010. Niet ! Pas de changement de cap. Pourtant, aujourd'hui, en juin 2010, ils sont encore plus nombreux (43 pays, contre 42 pour l'édition 2009) à lorgner du côté des Pins-Maritimes, à l'occasion de la FIA, en vue d'une potentielle place au soleil. En un coup de clic Dans les pays occidentaux où le domaine de la communication est une vieille tradition, la notion de “l'événementiel” est bien introduite. Dans ces Etats, les nouvelles technologies de l'information et de la communication, comme outils modernes, ont été tellement démocratisés que la quasi-totalité des foyers ou structures en sont convenablement équipés. Ainsi, par la magie du Net, le monde s'est considérablement rétréci et les distances virtualisées. En un coup de clic, la plus éloignée des PME, au fin fond de l'Antarctique, peut aujourd'hui, en temps réel, suivre le déroulement d'un salon qui se tient ailleurs, sous d'autres cieux. Et pourquoi pas traiter des affaires. D'ailleurs, la nouveauté de la FIA d'Alger, cette année, c'est de permettre à tous ceux qui ne pourront pas venir d'avoir une idée assez distincte sur la nature des segments d'affaires et produits exposés par les entreprises nationales et étrangères via le Net : (www.fiasafex.com). Des milliards de dollars pour les citoyens “L'Algérie n'a que des cartes gagnantes !” Cette sentence, on ne peut plus solennelle, aux allures d'un slogan a été prononcée par Ahmed Ouyahia à l'occasion de l'inauguration de la 43e Foire internationale d'Alger. Mais la déclaration qui aura sans doute davantage retenu l'attention des présents, notamment parmi les importateurs, c'est quand il a clairement signifié que “l'Algérie n'a pas l'intention de consacrer les 286 milliards de dollars prévus dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014 à l'importation de marchandises diverses. Nous escomptons les transformer non seulement en réalisations pour les citoyens, mais aussi et surtout les dédier au développement de notre outil économique”. Net et sans bavures ! En fait, la force d'un salon événementiel est d'être un espace où, en même temps et en un même lieu, tous les présents enregistrent un même message. Un message oral, certes, mais ô combien repris par écrit par tous les professionnels de l'information. Entre l'acte de dire et celui de faire, il y a comme un gouffre qui sépare les deux. Réaliser de grandes choses pour les citoyens et développer notre outil économique nécessite de l'engagement et de l'initiative entrepreneuriale. Or, dans un pays comme l'Algérie où le système de gouvernance, où tout échec dans l'acte de gestion est assimilé à un grave crime économique, entraînant son auteur à l'ombre d'une cellule, ça ne va se bousculer au portillon des initiatives. Et on ne peut raisonnablement gérer sans prendre des risques. Tout comme on ne peut faire des omelettes sans casser des œufs. Faut faire attention à ce que l'on dit dans les salons, même si leur but est justement de communiquer. Les murs ont des oreilles.