La commune de M'kira, dans la région de Tizi-Gheniff, accuse un retard énorme en matière de développement communal, en raison de son statut de municipalité déshéritée. Même si les autorités locales essaient d'améliorer le quotidien des citoyens, les moyens ne le leur permettent pas. Les quelques millions de DA accordés dans le cadre des PCD ne servent presque qu'aux petites opérations. Des villages entiers sont dans le dénuement total. En plus de la pauvreté galopante qui n'épargne personne, le chômage y bat son plein. Dans l'une de nos virées dans cette partie de la Kabylie profonde, des citoyens nous ont fait part de leurs problèmes quotidiens qui attendent des solutions quelque part. “Notre cadre de vie ne s'améliore jamais”, nous a annoncé ce citoyen du village Idouchouthène-Ivouhamène. Interrogé sur le nombre d'habitants de ces deux villages, il nous a répondu qu'ils sont plus de 2 000. “Nous nous sommes réunis pour saisir par écrit le maire et le chef de daïra de Tizi-Gheniff à ce sujet”, a enchaîné un autre interlocuteur. Dans une correspondance accompagnée d'une pétition, les rédacteurs du document ont épluché leur vie quotidienne parsemée de manques dans tous les domaines. “L'eau ne nous arrive qu'une heure par mois, en raison du manque d'infrastructures pour l'eau potable. La conduite est très ancienne et ne répond plus aux besoins de la population”, a précisé un autre. Avant de souligner que dans ce village, existe une fontaine dont le débit est important. “Malgré votre promesse d'installation d'une fontaine d'eau potable au lieudit Maâfa, rien n'a été concrétisé”, est le premier point consigné dans cette plateforme de revendications. Les citoyens évoquent, dans leur écrit, le non-bitumage et le non-bétonnage des pistes, comme promis. D'autre part, il a été précisé dans cette correspondance que les canalisations d'égouts n'étaient pas branchées pour toutes les habitations. “Même si certaines sont raccordées au réseau, elles restent insuffisantes”, ont ajouté les rédacteurs du document, dont nous détenons une copie. “Les caniveaux à placer pour parer aux intempéries et éviter les glissements de terrain, n'existent pas, sinon, pour les travaux effectués, ils ne sont que du bricolage et ne répondent pas aux normes requises, ce qui rend la route impraticable et expose ses usagers au danger”, est l'autre point mentionné dans cette correspondance. D'autres points sont rapportés par les citoyens. On citera entre autres, l'insuffisance de l'éclairage public, le manque de transport scolaire et de lignes de transport, la cantine scolaire (salle de quelques mètres carrés), l'inexistence de lieux de loisirs, de culture et d'endroits pour des activités sportives. Les citoyens que nous avons aussi approchés nous ont montré l'antenne administrative à l'abandon. “Cette annexe a fonctionné quelque temps, puis elle est à l'arrêt. Et pourtant, elle peut répondre aux besoins de nos concitoyens”, a laissé entendre un intervenant. En plus de tout ce qui a été signalé ci-dessus, ils nous ont indiqué que l'aide sociale était insuffisante en raison du plus grand nombre de démunis et elle ne soulage guère les citoyens nécessiteux. Quant au gaz naturel, ils rappellent au premier magistrat de la commune qu'il n'y a aucun branchement, bien que les conduites soient juste à proximité de leurs demeures. Cela étant, nous avons contacté le président de l'APC de M'kira. “Ce sont des projets qui demandent beaucoup de finances. Avec les cagnottes dérisoires que nous recevons dans le cadre des PCD, c'est impossible. Il faudrait tout de même attendre l'inscription de certains projets dans les PSD”, nous a-t-il expliqué. Au sujet de l'eau potable, il a affirmé que ces villages sont alimentés comme les autres villages de la commune, selon un programme établi et qu'une commande pour alimenter la fontaine Maâfa en énergie électrique, afin de pouvoir pomper l'eau à Ighil Oussalem, a été déjà faite par la direction de l'hydraulique. Le P/APC rassure les habitants d'Idouchouthène et d'Ivouhamène qu'une cantine scolaire conforme est inscrite pour leur école et les procédures sont lancées. Pour le P/APC de M'kira, même au sujet de la piste au village Tarament évoquée par les villageois, un dossier a été déposé au niveau de la direction des services agricoles. Il faut le dire, beaucoup reste à faire dans cette commune, bien que les autorités communales essaient de faire de l'équilibre entre les villages en inscrivant en priorité les structures de base (eau, assainissement, réseau routier...). “Nous sommes là au service de nos concitoyens et nous agissons selon nos moyens”, a conclu le P/APC.